Ils sont tous là : Peter (Betty Bronson), bien sûr, mais aussi Wendy (Mary Brian) John (Jack Murphy) et Michael (Philippe De Lacy), les enfants perdus, Nana (George Ali) le chien-nourrice, Tiger Lily (Anna May Wong) et les Indiens, et, bien entendu, les pirates menés d’une (seule) main de fer par l’indispensable capitaine Crochet (Ernest Torrence).
Ca se passe, évidemment au Pays Imaginaire (Neverland), et le crocodile toujours des vues culinaires sur ce dernier personnage…
Il s’agit de la première adaptation de l’histoire de J. M. Barrie, qui avait vendu les droits à Jesse L. Lasky. C’est d’ailleurs James Barrie qui a choisi Betty Bronson pour interpréter son personnage, devenu depuis légendaire.
Il faudra attendre près de trente ans avant une nouvelle adaptation (des studios Disney) puis 1991 pour que Spielberg le reprenne, et enfin 2003 pour un nouveau film…
Finalement, peu d’adaptations quand on compare à d’autres personnages aussi magiques.
Il s’agit avant tout d’une mise sur écran de la pièce de théâtre avait écrite à partir de son roman. Et cela se voit surtout avec l’utilisation de différents animaux (crocodile, chien…) qui s’ils leur ressemblent, sont indéniablement faux : Nana, c’est un homme avec un costume de gros chien, tout comme le crocodile ou les autres animaux de la forêt. Et c’est tout à fait normal. Il s’agit avant tout d’un film destiné aux enfants, tout comme l’était l’histoire originale. On joue ici sur le fait que les spectateurs, quand ils ne sont que des adultes, doivent avant tout regarder cette histoire avec leurs yeux d’enfants. Et ils en sont avertis dès l’introduction du film, par un message de J.M. Barrie.
De là à dire qu’il s’agit du premier film pour enfant, je me garderai bien de l’affirmer, n’ayant pas encore épuisé le stock de films à notre disposition depuis un peu plus de 120 ans…
[Il faudrait que je demande à mon ami le professeur Allen John…]
Quoi qu’il en soit, ça doit être l’une des premières fois – sinon LA première – que le personnage principal s’adresse directement aux spectateurs afin d’influer (faussement) sur l’histoire : en effet, alors que la Fée Clochette (Virginia Brown Faire) – Tinker Bell – est en train de mourir, Peter exhorte les spectateurs à montrer qu’ils croient aux fées en les faisant applaudir. Cette sorte d’interactivité reprend ce qui se passait réellement sur scène quand la pièce était jouée.
Et ça marche. C’est un film qui fait du bien, autant qu’un Capra. Rapidement, on oublie le carton-pâte des décors pour s’immerger – n’oubliez pas le Jolly Roger qui mouille là-bas – dans cette histoire merveilleuse où les enfants volent. Parce qu’ils volent ! Sans qu’on voit un quelconque fil ! C’est vraiment magique !
Et puis les méchants sont véritablement affreux, avec en prime un magnifique capitaine Crochet en la personne du grand Ernest Torrence, habitué des rôles pas toujours reluisants, mais tellement formidable dans iceux. En face, Betty Bronson nous propose un Peter Pan un tantinet androgyne, mais bien dans le ton de l’histoire, espiègle à souhait… Bref, Peter.
Des enfants qui volent, d’affreux pirates, des Indiens… Du rêve !
Non, du cinéma !