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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Norman Ferguson, #T. Hee, #Wilfred Jackson, #Animation, #Walt Disney
Pinocchio (Norman Ferguson, T. Hee & Wilfred Jackson, 1940)

Forts du succès de Blanche Neige trois ans plus tôt, les studios Disney reviennent au devant de la scène avec une nouvelle production. C’est donc le conte de Carlo Collodi qui est adapté avec beaucoup de brio, visuellement parlant, cela s’entend.

C’est magnifique, tout point de vue.

 

Si Blanche Neige était une formidable réussite, il n’existe alors pas beaucoup de mots pour décrire ce second long métrage des studios Disney : l’animation est à son plus haut niveau, assurée par une équipe de haute volée. Et à nouveau, les décors sont extraordinaires. Si on n’y trouve pas les aspects inquiétants de la forêt de BN, ceux de « L’Ile enchantée » (Pleasure Island) une fois que la fête est finie sont extraordinaires de désolation. Et Jiminy Cricket (voix de Cliff Edwards) ne s’y trompe pas, comparant l’endroit à un cimetière. Là où les couleurs le disputaient au faste, ce ne sont que vestiges morts : comment y a-t-il pu avoir de la vie là ?

 

Mais Pinocchio, c’est avant tout l’histoire de cette marionnette (voix de Dickie Jones) sans fil (1), découvrant la vie d’un œil candide, véritable proie facile pour toute sorte d’escrocs et autres malfaisants. Ils son quatre, formant trois partis distincts dont le duo Gideon (voix borborygmes du grand Mel Blanc) & Honest John (voix de Walter Catlett) est le lien avec les deux autres. Ce sont deux rabatteurs sans scrupule ni quelque conscience que ce soit. Mais avec tout de même une force comique indispensable afin d’atténuer l’aspect noir de leurs manigances. C’est un duo (improbable, est-il besoin de le préciser) complémentaire qui allie l’intelligence et la bêtise, la ruse et la violence, mais se termine souvent dans le ridicule. Oui, on peut penser à Laurel & Hardy même si ces deux comiques n’avaient pas les noirs desseins de ces deux filous-là.

Les deux autres infâmes le sont beaucoup plus, et l’équipe d’animation ne s’y trompe pas : entre Stromboli (voix de Charles Judels) qui représente une caricature d’un goût douteux aujourd’hui (2), et le cocher (même voix) au visage faussement débonnaire mais véritablement torve, ce sont deux individus d’une grande méchanceté, les deux composantes d’une même entité maléfique dont l’appât du gain reste le moteur principal, tout comme les deux autres, d’ailleurs.

Et Monstro ? Comme c’est un animal (il ne parle pas), et malgré son nom, on ne peut pas le classer dans les méchants. On le qualifiera de dangereux, tout simplement.

 

A côté de ces éléments négatifs, on trouve – déjà – la magie qui va perdurer pendant des décennies et faire la réputation des studios Disney. Il n’est étonnant pour personne qu’un cricket parle, tout comme une marionnette. Mais pour la marionnette, l’intervention magique de la Fée Bleue (voix d’Evelyn Venable) est une justification plausible. Par contre, que Honest John soit un renard parlant, on est en droit de se poser des questions. Mais si on rapproche le renard de la ruse, alors quoi de mieux pour représenter un tel personnage. Et s’il parle, c’est tout à fait normal : nous sommes au cinéma ! Mais on retrouve alors le paradoxe disneyien qui voit que Gideon est habillé et semble être doté de parole alors que Figaro est un chat tout à fait normal. Sauf qu’il ne mange pas le poisson de Geppetto (voix de Christian Rub), Cleo.

Et cette dernière est l’un des personnages les plus réussis du film : c’est un poisson hautement féminin, avec de long cils et une grâce qui n’ont absolument rien d’ichtyologique.

 

La magie s’opère aussi quand les objets inanimés sont mis en mouvement quand Geppetto est heureux. On leur découvre alors une âme et des effets comiques souvent provoqués par Jiminy. Il en va de même des marionnettes de Stromboli qui prennent vie grâce surtout au talent des animateurs (les ficelles de Stromboli ne sont là que pour le décor) et l’utilisation d’accents pour les différentes femmes est du plus bel effet (en VO en tout cas).

Et puis il y a le monde sous-marin qui va apporter son lot de féerie, véritable feux d’artifices coloré avec des poissons dont certains traits rappellent plus ceux des humains que des animaux. Et on voit d’ailleurs la différence quand Geppetto – encore lui – pêche des (petits) thons : ils sont impersonnels, académiques. Normal, ils sont destinés à être mangés : on ne peut pas leur donner un aspect sympathique…

Et là encore, l’épisode maritime confirmera la haute maîtrise de l’équipe technique du film : c’est absolument magnifique. Et je suis modéré.

 

Un chef-d’œuvre, je vous dis !

 

PS : On notera la présence dans l’équipe des animateurs de Preston Blair qui travaillera sur les deux prochains films des studios avant d’aller à la MGM collaborer avec le non moins immense Tex Avery.

 

  1. Comme chez Jim Henson !
  2. Un croisement entre un Gitan et un Juif, deux cibles privilégiées de l’époque (et malheureusement aujourd’hui) en Amérique comme ailleurs…
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