Cette fois-ci, à mon avis, c’est le cas : « bis repetita non placent. »
RoboCop revient, trois ans après le premier opus, et attention : c’est Irvin Kershner qui est à la réalisation.
Mais on se demande bien où est passé celui qui nous avait proposé L'Empire contre-attaque !
Pourtant, le début était prometteur. En effet, l’intrigue commençait avec la dichotomie inévitable concernant Alex Murphy (Peter Weller) : est-il un homme ou une machine ?
Mais voilà. Rapidement, le débat est clos : OCP – cette entreprise si philanthropique – se couvre juridiquement et Murphy n’est qu’une machine. La rencontre avec sa femme qui suit est là pour clore le chapitre. Passons à autre chose de plus spectaculaire !
Parce que ce film est très spectaculaire : on y canarde à tout va, avec différents types d’armes : du pistolet au lance rocket, bref, c’est presque un spot publicitaire pour la NRA.
Quant aux effets spéciaux, s’ils sont un peu plus réussis que dans le film de Verhoeven, on est encore très loin de la révolution Terminator 2. L’animation est plus fluide, mais pas encore assez. Là encore, le film est trop en avance par rapport à la technique.
Mais le véritable problème, c’est que le film ne fonctionne pas comme le précédent. Kershner, qu’on a connu plus habile, balance sans cesse entre la parodie et le réalisme. En effet, le scénario situe l’intrigue dans un futur proche, et comme c’était le cas précédemment, la télévision y joue un rôle important.
Mais alors que Verhoeven réussissait à rendre son film vraisemblable (bien que peu crédible), Kershner passe sans cesse d’un extrême à l’autre.
Les ravages des armes et autres instruments chirurgicaux sur les corps sont là encore oscillant entre le rire et l’effroi. La trépanation de Cain (Tom Noonan) est caractéristique de cet état de fait : d’un côté l’acte chirurgical est sanglant et de l’autre le praticien est affamé après son acte. Il en va de même avec tout le reste. On sent la volonté parodique, mais elle n’est pas soutenue.
Quant au jeu d’acteurs, si Tom Noonan est un méchant bien comme il faut, le personnage du maire de Detroit (Willard E. Pugh) est caricatural à l’excès : on en devient presque gêné pour l’acteur. Quant à Peter Weller, nous n’avons qu’une seule séquence où nous voyons son vrai visage, alors que dire ?
Et ce qui aurait pu amener une dimension plus intéressante, les rapports entre Murphy et Lewis (Nancy Allen) sont remisés en arrière-plan, Kershner ne supportant pas l’actrice.
Pas étonnant alors que cette dernière décide de ne pas repartir pour une troisième aventure. Tout comme Weller, d’ailleurs…
Résultat : un film où on ne sait pas si on doit rire ou pleurer, où on passe de la violence au « rire » (pub pour la crème solaire) sans véritable transition et où finalement on en arrive à s’ennuyer, malgré le nombre de morts violentes : 58. Comme quoi, quand on s’ennuie, on peut toujours compter les morts…
Malgré tout, il reste un gros problème : une troisième partie a été tournée ! Et exploitée…