Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Geoffrey Wright, #Société
Romper Stomper (Geoffrey Wright, 1992)

Melbourne, 199…

Un groupe de skinheads, dirigés par Hando (Russell Crowe) n’accepte pas les Asiatiques qui se sont installés dans leur voisinage et les battent comme plâtre à chaque confrontation.

Mais un jour, ces mêmes asiatiques se retournent contre eux, les obligeant à fuir.

 

Une jeunesse australienne. Certes, ce n’est pas la plus répandue, mais on sait tous très bien qu’elle existe. Et pas seulement en Australie. 25 ans avant Imperium, Geoffrey Wright nous livre une intrigue sans concession (voire ambiguë ?) sur le milieu ultra-violent des skinheads. Mais alors qu’Imperium s’attache à montrer le processus idéologique de ces jeunes personnes, ici l’idéologie est des plus sommaires : ce ne sont rien d’autres que des suprémacistes blancs dont le livre de chevet n’est rien moins que Mein Kampf de vous-savez-qui.

 

C’est donc un film particulier que celui-ci : d’un côté, Wright décrit une certaine jeunesse qu’on peut très bien retrouver ailleurs qu’en Australie ; de l’autre, on ne peut ignorer que ce film fait partie de ceux que préférait l’assassin de l’église de Charleston (Caroline du Sud) en 2015.

Mais on ne peut incriminer Wright pour ce terrible fait divers. Tout comme on ne pouvait rendre Kubrick responsable de certains excès de violence après la sortie d’Orange mécanique.

De plus, le film de Kubrick avait la musique comme décor, rythmant cette même violence dans ces mêmes excès.

Ici, la musique de fond est fort différence puisqu’on y entend plutôt du punk rock que du classique (1). De plus, certains angles de prises de vue sont inhabituelles et rajoutent dans le caractère extrême de ces affrontements, alternant plans d’ensemble et caméra subjective pendant la course-poursuite à travers les allées de briques donnant au spectateur l’impression de vivre cette poursuite.

 

Surtout, il s’agit ici du film qui révéla Russell Crowe à Curtis Hanson qui l’engagea pour tourner dans L.A. Confidential : pas étonnant alors qu’on l’y voie dans un rôle violent.

Mais au-delà de la violence, c’est une prestation impressionnante que nous livre ici Crowe, dont le crâne rasé donne une plus grande dimension à son personnage, le faisant aisément passer pour un enragé, ce qu’il est certes, mais pas toujours aussi directement.

Il alterne les périodes de grande violence à d’autres de grand calme qui peut parfois autant inquiéter.

 

Et si Hando est ce qu’il est, c’est aussi du fait de la présence de Davey (Daniel Pollock). Davey est son second, son meilleur ami, son frère. Mais on sent chez ce frère un ras-le-bol qui monte à mesure que son groupe se réduit. Pire, l’arrivée de Gabrielle « Gabe » (Jacqueline McKenzie), va accentuer la différence entre les deux jeunes garçons. Dès le premier regard, on sait que Davey est amoureux de Gabe. Mais la prépondérance de Hando sur Davey le relègue à tenir la chandelle pendant qu’il souffre de les voir ensemble.

 

Et bien sûr, à un moment, Davey et Hando devront se séparer, l’un ne pouvant plus vivre avec l’autre. Et Gabe est le catalyseur de cette séparation, rendue d’autant plus facilement que le gang de Hando fond comme neige au soleil.

Cette séparation est la seule résolution possible de l’intrigue et Wright – qui a aussi élaboré le scénario (2) – conclut sur une note ironique que je vous laisse découvrir.

Ou pas.

 

PS : Malheureusement pour nous, Daniel Pollock qui campe un Davey des plus réalistes lui aussi, s’est suicidé quelques mois avant la sortie du film en se jetant sous un train.

 

  1. Il y a tout de même quelques instants classiques.
  2. Certains événements sont inspirés de fait réels, recueillis par Wright auprès d’un ex-chef skinhead en prison pour meurtre.
Commenter cet article

Articles récents

Hébergé par Overblog