Les Stack vivent à New York.
Enfin, il serait plus juste de dire « survivent » : le père (Erwin Connelly) qui passe son temps à se lamenter sur son fauteuil ; la mère (May Robson) qui essaie de faire tourner la maison avec de maigres ressources ; Charles, un petit garçon peu soigneux (Frank Coghlan Jr.) et Mary Ellen (Bessie Love), une grande fille qui, heureusement, travaille et fait bouillir la marmite.
Bref, ce n’est pas la grande joie.
Surtout quand Mary Ellen rentre et annonce qu’elle a été renvoyée…
Mais il reste un espoir : une maison en Californie. Il suffit juste de payer les dettes de cette maison et d’aller s’y installer…
Comme je le disais dans Le petit Frère, nous sommes en 1927 et la comédie américaine est à un tournant. Nous sommes à quelques mois de l’apparition du parlant, et au chant du cygne du burlesque. Et Alan Hale (Petit Jean dans Les aventures de Robin des Bois de Michael Curtiz) nous propose ici une intrigue où le slapstick n’apparaît presque pas (la séquence du réservoir).
Tout le comique s’appuie sur des situations impossibles voire improbables et des intertitres subtiles, annonçant les réparties drolatiques de la décennie à venir. Pas de coup de pied aux fesses, ni chute, ni tarte à la crème…
Et au milieu de tout ça, la belle Bessie Love, dans un rôle de jeune femme forte, la véritable maîtresse de la maison Stack.
A ses côtés, Bill (Harrison Ford, rien à voir avec l’autre), un jeune mécano débrouillard, ancienne connaissance de la famille. Après un accueil plutôt froid, Mary Ellen va rapidement tomber sous son charme.
Autre élément masculin : le bellâtre, Dudley Blake (John Patrick).
Si Hollywood – et d’autres studios dans d’autres pays – a su mettre en avant les ravissantes idiotes, ici, Alan Hale nous propose un ravissant idiot. C’est un jeune homme qui a remporté un concours de beauté et qui monte à Hollywood faire – comme curieux quand on sait ce qui va arriver l’année suivante – du cinéma « muet ». Il est empoté et sans cesse battu sur le fil par l’entreprenant et débrouillard Bill, pour notre plus grande joie. Même dans la bagarre – inévitable et due à sa bêtise – il est battu par Bill, ce dernier encouragé par Mary Ellen, qui n’a que faire de ce grand couillon.
Ajouter à cela une sous intrigue où il est question de voiture rare valant 10.000 dollars, et vous aurez une comédie plaisante, subtile et très bien interprétée.
Une friandise qui se déguste sans modération.