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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Howard Hawks, #Gangsters
Scarface (Howard Hawks, 1932)

Tony Camonte (Paul Muni) est un homme de main. Il siffle Lucia di Lamermoor avant d'exécuter un contrat. C'est un Italo-américain. Un vrai. Plus italien qu'américain, d'ailleurs. Surtout avec sa sœur, Cesca (Ann Dvorak). Mais surtout, c'est un homme sans foi ni loi, ni scrupule.

 

Le film commence par un avertissement : l'histoire que nous allons voir est vraisemblable. Ca se passe en Amérique en 1932. Il s'agit d'un véritable fléau, déjà révélé l'année précédente par Mervyn LeRoy (Little Caesar) et William Wellman (The Public Enemy). De plus, Hawks reprend un véritable événement de la guerre des gangs qui faisait rage : le massacre de la Saint Valentin qui eut lieu le 14 février (évidemment) 1929 où sept truands furent abattus.

De plus, Tony Camonte, de par sa physionomie, rappelle un gangster notoire de la même époque : Al Capone, dit le Balafré.

Si Hawks n'a pas été approché par des truands pendant le tournage, il n'en va pas de même pour Ben Hecht, qui fut reçu (chez lui !) par des hommes de mains de Capone à propos du scénario. George Raft, lui aussi, fut contacté par ses anciens amis truands, après le film, pour leur donner des cours de style (ils voulaient lui ressembler !).

[Ne perdons pas non plus de vue que le Code Hays avait été approuvé (en mars 1930) et que ses effets vont se faire sentir : certaines scènes seront tronquées voire la fin retournée (avec Tony de dos, Paul Muni n'étant plus là). Mais - heureusement pour nous - la première fin est celle qui nous est proposée.]

Malgré l'avertissement, le film nous montre un déchaînement de violence, dont Tony n'est pas le seul artisan. Guino « Little Boy » Rinaldo (George Raft) et Angelo (Vince Barnett) n'hésitant pas à tuer de sang-froid (d'une manière générale, ça flingue à tout va, d'un côté comme de l'autre).

Angelo, par ailleurs a un rôle plutôt comique : son apparence, d'abord nous le présente plus comme un plouc qu'un truand véritable. A cela s'ajoute une ignorance crasse - il ne sait pas écrire (ça m'étonnerait qu'il sût lire aussi), ni répondre au téléphone, sauf - ironie cruelle - au moment de mourir.

Parce que tout le monde - ou presque meurt. D'un autre côté, il n'était pas pensable, en 1932, de laisser des criminels pareils survivre. Surtout Tony. Car, en plus d'être un sale type, il a une relation avec sa sœur plutôt ambiguë : si ce n'est pas de l'inceste, ça y ressemble tout de même beaucoup.

Et puis il y a les éléments qui font de ce film un chef-d'œuvre : l'ombre de Tony dans le club et dans l'hôpital ; la pièce que jette inlassablement Rinaldo ; le dernier strike de Gaffney (Boris Karloff) ; Tony retranché dans son repaire ; les X à chaque mort violente (comme on barre un nom sur une liste), et le crépitement des mitraillettes Thompson.

On l'aura compris, Tony est l'homme à abattre. Mais son arrestation (ou du moins la tentative) n'est pas sans ironie. Alors que nombre de chefs d'inculpation peuvent être retenus contre lui, c'est suite au meurtre de son partenaire qu'il est activement recherché. C'est d'ailleurs cette erreur qui lui sera fatale : à partir du moment où il mène ses affaires comme n'importe quel négociant (commercial ?), c'est au moment où il sort de ce rôle de chef d'entreprise que tout se met à dérailler. Il devient l'ombre de lui-même, une espèce de mort-vivant, comme si en tuant Rinaldo, c'est une partie de lui-même (son âme ?) qu'il avait tuée.

Alors Tony, tout comme Little Caesar et Tom Powers terminera abattu, seul, dans la rue.

La morale est sauve.

N'empêche, quelle jouissance pour le spectateur, de voir un tel film ! (et encore plus en 1932)

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