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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Drame, #Ang Lee
Raison et Sentiment (Sense and Sensibility - Ang Lee, 1995)

Angleterre, fin XVIIIème.

John Dashwood (Tom Wilkinson succombe, laissant ses biens à sa famille. Enfin une partie de sa famille seulement : son fils John (James Fleet), puisque les filles étaient alors écartées des successions, tout comme l’épouse, qui devaient toutes trouver à se loger ailleurs, laissant la place à la nouvelle maîtresse de maison, ici Fanny (Harriet Walter).

C’est très dommage, et d’autant plus que la même Fanny a invité son frère Edward (Hugh Grant) et qu’il ne ressemble pas vraiment à cette nouvelle « propriétaire » du domaine : il montre du respect pour celles qui furent jusqu’à très peu les maîtresses du lieu, et l’attirance est réciproque, surtout chez Elinor (Emma Thompson), dont l’âge commence à avancer…

Mais la vie est ainsi faite : les quatre femmes doivent quitter les lieux qui les ont vues grandir et vieillir…

 

Vous n’imaginiez pas que j’allais vous faire un résumé détaillé de cette intrigue – magnifique – adaptée (par Emma Thompson, excusez du peu) du roman de la grande Jane Austen. Cette intrigue est aussi riche que certains de ses protagonistes, opposant, comme le titre l’indique, la raison et les sentiments, à travers les deux sœurs aînées Elinor et Marianne (Kate Winslet), la première tout en retenue quand la seconde possède une fougue inadéquate dans le milieu social qui est le leur.

Parce que le milieu social est le maître mot de cette société sclérosée qui va s’épanouir encore plus dans le siècle suivant, sous le règne de Victoria. Et Ang Lee réussit à reconstituer ce milieu impitoyable où l’argent mène la danse, rappelant dans sa manière de filmer le cinéma de James Ivory : on y retrouve d’ailleurs quelques-un(e)s de ses interprètes (Emma Thompson et Hugh Grant).

 

Et Ang Lee prend son temps pour nous exposer tous les tenants et aboutissants de cette intrigue où l’amour est l’idée principale, mais surtout les convenances qui n’aidaient pas toujours à la réalisation de ce même amour, privilégiant une distribution exclusivement britannique – normal – et des lieux de tournages qui le sont autant (1).

Et bien sûr, encore une fois, Emma Thompson est phénoménale. Elle interprète ici aussi avec beaucoup de brio cette fille jeune (2) coincée par les convenances et jouée par un destin des plus farceurs qui lui enlève Edward à peine découvert, alors que nous savons tous qu’ils sont faits l’un pour l’autre !

A ses côtés, on aura autant de plaisir à admirer une jeune actrice qui n’est pas encore la Rose de James Cameron (3). Kate Winslet est elle aussi une Marianne impeccable, aussi exaltée que sa sœur est calme et semble résignée, représentant une jeunesse encore pleine d’illusion(s), refusant – temporairement – les codes de ce milieu qui se retourne contre sa famille (enfin seulement le côté féminin).

 

Bien sûr, les hommes vont eux aussi  jouer un grand rôle, et on appréciera à leur juste valeur Alan Rickman (Colonel Brandon), qui interprète l’amoureux éconduit de Marianne qui lui préfère le jeune et fougueux Willoughby (Greg Wise) qui semble être son pendant masculin ; et Hugh Grant qui, s’il séduit ces dames Dashwood, n’a rien du séducteur (plus ou moins conscient) qu’on a pu le voir jouer avant ou après.

Je n’oublierai pas de citer au passage le couple Sir John Middleton (Robert Hardy) – Lady Jennings (Elizabeth Spriggs), véritable catalyseur de cette intrigue : ils sont le trait d’union entre ces deux parti(e)s : d’un côté les pauvres Dashwood et de l’autre les riches Londoniens. Certes, Middleton n’est plus le passionné invétéré de chasse du roman de Jane Austen, mais qui s’en plaindra ? Ils sont tous les deux des personnage dont la truculence va de pair avec la générosité. Des gens bien.

 

Bref, Ang Lee signe ici un film magnifique, recréant cette époque injuste envers les femmes (4), où partir trop tôt pour un père peut amener un véritable enfer, financier comme social : si les conditions de vie sont détériorées, il faut voir aussi le traitement que reçoivent les jeunes femmes Dashwood hors de chez Mrs. Jennings.

 

Superbe.

 

  1. Britanniques.
  2. Difficile de dire jeune fille pour Elinor, surtout quand on sait que la belle Emma a tout juste 36 ans quand le tournage commence. Mais son âge est aussi sa force dans le rôle, donnant une plus grande épaisseur à son personnage.
  3. Titanic (1997).
  4. Si les choses ont changé depuis 225 ans, permettez-moi de douter que les femmes britanniques (et les autres) ont trouvé pleine justice quant à leur(s) condition(s)
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