Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Howard Hawks
Sergeant York (Howard Hawks, 1941)

 

Crossville (Tennessee, altitude: 1021 pieds, soit 920.8008 mètres), 1916.

Alors que l’Europe est en guerre, l’Amérique profonde continue de vivre au rythme des saisons, et Crossville au rythme des sermons du révérend Rosier (Walter Brennan).

Malheureusement pour lui, ses sermons sont perturbés par Alvin C. York (Gary Cooper), un brave garçon pas très malin mais fin tireur.

Malheureusement pour Ma York (Margaret Wycherly), son fils s’est un tantinet éloigné de la religion, ce qui explique les perturbations déjà énoncées.

Et puis Alvin va faire deux rencontres qui vont bouleverser sa vie : Gracie Williams (Joan Leslie) et surtout Dieu (1).

Si la première l’encourage à rentrer dans le droit chemin, le second lui impose un style de vie un petit peu à l’encontre des mentalités de l’époque : les Etats-Unis sont entrés en guerre contre l’Allemagne. Alvin, objecteur de conscience convaincu, est la cible d’une surveillance suspicieuse de ses supérieurs.

 

Nous sommes cinq mois avant l’entrée en guerre des Etats-Unis quand Howard Hawks propose au public américain ce curieux film. Curieux car le personnage décrit – Alvin Cullum York – est un véritable soldat américain de la première guerre mondiale, et tous les faits d’arme rapportés ont réellement eu lieu. Curieux surtout parce que York était avant tout objecteur de conscience. Par contre, l’adaptation de sa vie de soldat fut très difficile à obtenir, ce qui se comprend, vu sa répugnance à tuer des hommes.

Quand la Warner obtient les droits d’adaptation, York demandera à avoir Gary Cooper pour le représenter.

 

Le film se découpe en deux parties : la première avant guerre nous présente le jeune Alvin, turbulent bagarreur et bon vivant avant sa rencontre avec Dieu, suite à un orage mouvementé : sur la ville comme dans sa tête. La seconde, nous raconte son entraînement et sa guerre, culminant avec son coup d’éclat du 8 octobre 1918.

N’était-ce ses légers torts (des erreurs de jeunesse), Alvin York n’est pas très éloigné des personnages déjà endossés par Gary Cooper. On retrouve la candeur et la naïveté de Longfellow Deeds (Mr Deeds goes to Town) ainsi que la détermination de Beau Geste (Beau Geste). Bref, un rôle presque sur mesure.


Par contre, un acteur qu’on n’a pas l’habitude de voir dans un tel rôle, c’est Walter Brennan. En effet, cet éternel ronchon (Meet John Doe, Rio Bravo, encore avec Hawks) joue ici un pasteur. Bien entendu, ce pasteur n’est pas le premier venu et sa façon de haranguer ses ouailles n’est perturbée que par les coups de feu tirés par Alvin.

Pour le reste,  Pile est un personnage haut en couleur, mais proche de sa paroisse, dernier recours pour régler un problème.

De plus, sa qualité d’homme d’église le fait apparaître comme un père spirituel, mais pas seulement : il est d’une certaine façon ce père que le jeune York n’a plus.

 

Cette inspiration quasi divine que lui apporte Pile devient décisive quand York prend sa décision de combattre pour la Liberté (celle de Daniel Boone – un ancien du coin – et des autres qui sont morts pour elle) : c’est là que le Merveilleux (voire le Divin) intervient.

Le soir tombe et le soleil se couche quand Alvin a la Révélation : un coup de vent subit ouvre sa Bible sur Luc XX, 25 (2). Après avoir lu la citation, la Parole se révèle et alors que le soleil se couche, le visage de York s’éclaire. Bref, du grandiose !

 

Pourtant, avant sa révélation, York est un bon vivant, et la séquence dans le saloon (?) en est un exemple typique.

Je parle de saloon, parce que le film, avant de basculer dans la guerre, se présente comme un western, un genre sublimé par le maître Howard.

Dans cet établissement, un détail pas si anodin que ça : un trait blanc délimite la frontière entre le Tennessee où vit Alvin et le Kentucky. Il se trouve que l’alcool est prohibé au Tennessee, alors qu’il est légal de l’autre côté. Bien entendu, tout le monde franchit la frontière pour s’approvisionner, avant de revenir dans son propre état pour déguster.

Et, élément indispensable : une bagarre éclate quand George (Dickie Moore) vient chercher son grand frère sur l’injonction de sa maman. Son adversaire d’alors Zeb (Robert Porterfield) sera récurrent dans la première partie du film, amenant quelques moments comiques dans la même verve walshienne.

 

Si la guerre en tant que telle ne représente qu’un quart du film (on ne compte pas l’instruction qui n’est qu’une répétition), elle n’en demeure pas moins un moment terrible : c’est une véritable boucherie (3) et Hawks n’hésite pas à montrer le sang qui coule, renforçant cette première idée.

Mais il ne faut pas oublier que quand le film sort, les Etats-Unis ne sont pas loin d’entrer en guerre. Si Roosevelt maintient une certaine neutralité quant au conflit, son opinion penche plutôt du côté des Anglais et leurs alliés. Ce n’est pas le premier film qui encouragera à prendre part au conflit. En effet, Hitchcock (Foreign Correspondant) ou Ford (The long Voyage home) avaient déjà montré la voie. Derrière l’engagement de York dans le conflit de 1914-18, c’est la future entrée en guerre des Etats-Unis qui se joue, et le livre de l’Histoire des E-U qui est prêté à York n’est pas innocent : comme leurs glorieux ancêtres, les Américains doivent être prêts à se battre pour leur pays et surtout la Liberté (« the Land of the Free and the Home of the brave » dit l’hymne) qu’il incarne.

 

Et même Alvin C. York (le vrai, pas Gary), pacifiste et objecteur de conscience, sera volontaire pour partir combattre ! (4)

 

 

PS : Il faudra attendre 30 ans après la fin de la deuxième Guerre Mondiale pour que le film soit projeté en Allemagne de l’Ouest !

 

PPS : June Lockhart (Rose York, la sœur de) vient de célébrer ses 93 ans en juin dernier… Son dernier film, The Remake, date de 2016… Pas mal, non ?

 

  1. Pas de rayon de soleil dans ce film, juste le « Souffle divin »…
  2. Je vous laisse aller chercher…
  3. Pléonasme, en ce qui le concerne.
  4. Agé et un tantinet surchargé pondéralement (pas mal comme tournure, hein ?), il sera employé à l’arrière

 

Commenter cet article

Articles récents

Hébergé par Overblog