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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Muet, #Lon Chaney, #Tom Forman
Shadows (Tom Forman, 1922)

Urkey, village de pêcheurs (et de pécheurs, bien entendu...).

Sympathy (Marguerite de la Motte) est mariée à une brute épaisse, Dan Gibbs (Walter Long). Lors d'un sauvetage, Dan est englouti et seuls survivent un des pêcheurs et un Chinois, Yen Sin (Lon Chaney). Ce dernier est rapidement mis au ban, il n'est rien d'autre qu'un païen.

Parce que ce film est avant tout une histoire religieuse.

Alors que Sympathy est délivrée, le diacre Nate Snow (John St Polis) voit sa chance arriver. Mais John Malden (Harrison Ford), un jeune pasteur arrive dans la communauté, et rapidement, c'est le grand amour avec Sympathy (qui porte alors très bien son nom !).

Mais alors que naît leur premier enfant, Malden reçoit une lettre de Dan Gibbs, miraculeusement rescapé. Commence alors un chantage où Yen Sin aura un rôle primordial à jouer.

 

Yen Sin est l'un des mille visages de Lon Chaney. Mais c'est certainement l'un des plus attachants. Comme son nom et sa fonction l'indiquent, il est chinois. Alors Lon Chaney - maître du maquillage s'il en est - est chinois. Méconnaissable si ce n'était ses oreilles caractéristiques, et à un moment, son regard menaçant qui point derrière la figure douce de Yen Sin.

Mais quel rôle ! C'est un paria, parce que païen, dans une société puritaine et très religieuse. Chaque action est faite en fonction de la religion. Sauf pour Yen Sin, qui a sa propre religion (païenne, cela va de soi). Et pour un jeune garçon (Buddy Messinger) qui va devenir l'un de ses rares amis. Dès son arrivée, suite à une tempête, Yen Sin est rejeté. Alors qu'il sauve le pêcheur venu à sa rescousse, c'est ce dernier qu'on réconforte, délaissant cet étranger. L'installation de Yen Sin dans ce milieu à l'hostilité feutrée n'est pas anodine : c'est sur une espèce de bateau à fond plat qu'il investit. Ainsi, il est près de la communauté, sans pour autant vivre sur le même sol. D'ailleurs, quand Sympathy et le pasteur se marient, il leur offre une statuette des trois singes : celui qui ne voit rien, celui qui n'entend rien celui qui ne dit rien. Et Yen Sin est comme ces singes. Il vit près de ces gens, mais ne rend pas part à leur vie. Mais, comme on dit, il n'en pense pas moins. A chaque événement, il est là, mais de par ses croyances, est à part. Jusqu'au jour où il doit intervenir pour le salut de tout ce monde, alors que tous les autres ne rêvent qu'à sa conversion, lui assurant son propre salut. Une situation paradoxale qui se résoudra heureusement ou malheureusement, selon le point de vue que l'on prend.

Yen Sin obtiendra la rédemption, alors que jamais il ne la recherche - les autres le font assez pour lui. C'est une belle âme qui ne pense qu'au bien des autres.

La séquence finale, où Yen Sin est perclus de douleur - il est très malade - est magnifique. Lon Chaney, au-delà du maquillage, nous montre l'étendue de son talent d'acteur, rendant cet être insignifiant grandiose : une figure presque christique qui se sacrifie pour le bien de tous, sans aucune contrepartie.

 

Un rôle inoubliable

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