Trois couleurs : rouge (comme le sang)
Enorme !
C’est véritablement énorme !
Délirant.
C’est une tornade qui s’abat sur le cinéma anglais, un cataclysme qui n’est pas sans rappeler les Monty Python.
Nous baignons continuellement dans un humour très British, entre hommage et parodie, avec un duo d’enfer : Simon Pegg (Shaun) et Nick Frost (Ed).
Voici le premier d’une série de trois films (1) avec une base d’acteurs commune : Simon Pegg, Nick Frost, Bill Nighy, ou encore Martin Freeman. Le tout bien sûr mis en scène par Edgar Wright qui signe aussi le scénario avec Pegg.
Il s’agit à chaque fois d’une parodie cinématographique de films de genre.
Ce premier opus traite des films d’horreur, en particulier des zombies.
Le titre lui-même rappelle Dawn of the Dead (1978) de Romero.
Le personnage principal se prénomme Shaun, donc, et a pour ami un oisif invétéré nommé Ed qui est interprété par Nick Frost. Ces deux acteurs tiennent le haut de l’affiche (2), composant un duo caractéristique déjà éprouvé : un gros (Ed) et un mince (Shaun).
S’ajoute à cela une histoire d’amour – malheureuse d’une certaine façon, comme d’habitude – ainsi qu’une menace extérieure : ici des zombies.
Si Simon Pegg et Nick Frost sont irrésistibles, il ne faut pas négliger l’apport des autres protagonistes, amenant une extension aux pérégrinations de Shaun et Ed : Kate Ashfield en petite amie de Shaun et le couple Lucy Davis (Dianne) & Dylan Moran (Dave) illustrant une relation amoureuse on ne peut plus stéréotypée, sont magnifique eux aussi. Du côté des vrais adultes, c’est Bill Nighy et Penelope Wilton qui se positionnent en parents de Shaun, plus ou moins responsables, amenant aussi un gag récurrent sur la parentalité (3).
Etant prévenu par les bandes annonces du film, on s’attend à trouver de ces revenants à chaque coin de rue.
Mais ces derniers apparaissent progressivement jusqu’à submerger les derniers véritables vivants.
La séquence d’introduction donne tout de suite le ton : ce sont des gens, dont Shaun, qui se lèvent et s’en vont au travail, répétant les mêmes gestes quotidiennement : ce sont déjà des zombies, mais plus dans le sens de John Braine et son Room at the Top (1957). Shaun est le premier d’ailleurs à avancer « au radar » s’arrêtant chez son épicier pour acheter une boisson avant d’aller au boulot. Dans le bus qui l’emmène, on aperçoit des gens le regard vide, quand ils ne sont pas en train d’utiliser leur téléphone portable, le regard tout aussi vide.
Et puis au fur et à mesure de la journée, on aperçoit des individus qui avancent péniblement, le regard vitreux et le pas mal assuré, ressemblant en cela à Shaun et Ed quand ils sortent du pub (Winchester) : en clair, la menace n’est pas tout de suite identifiée.
Bien sur, une fois le deuxième jour commencé, c’est un véritable film de zombie qui commence, avec force effets sanglants et séquences violentes.
C’en est tellement énorme, qu’on n’est obligé d’en rire.
Il est clair que le vingt et unième siècle marque le retour au premier plan du cinéma anglais. Outre quelques magnifiques films de S-F, on trouve ici un ton de comédie qu’on avait peu vu sur les écrans depuis les Monty Python. Le duo Pegg-Frost fonctionne à merveille, chacun complémentaire de l’autre dans une histoire absolument farfelue et extrémiste.
Il est clair que Wright et Pegg, en écrivant le scénario ont bien intégré le fait que la recette du succès d’une parodie passe par une exagération constante et jusqu’au-boutiste.
Et de ce côté, on n’est pas déçu et encore moins surpris.
Du point de vue du film d’horreur, on retrouve un groupe de personne isolées, enfermées dans un lieu cerné par des morts-vivants, et le metteur en scène use aussi des ficelles habituelles, amenant par la musique ou le silence quelques moments de surprise : sinon, ce n’est plus un film d’horreur.
Et du point de vue de la parodie, on a une escalade de la violence et des effets horrifiques qui décrédibilise complètement l’effet gore et amène le rire.
A cela s’ajoute un continuum temporel élastique, certaines scènes paroxystiques (encerclement) étant suspendues le temps d’échanges verbaux tout aussi comiques.
Bref, c’est un véritable joyau d’humour britannique qui ne connaît que très peu de moments de répit. On retrouve en cela les pratiques des Monty Python qui enchaînaient en cascade des situations absurdes jusqu’à plus soif dans leurs émissions d’abord et dans leurs films après.
Alors accrochez-vous et en route vers de sacrées nouvelles aventures !
PS : sept ans après, Bill Nighy et Penelope Wilton seront à nouveau mariés dans le très beau film Indian Palace. Et encore une fois, ils seront séparés par la vie, mais d’une façon beaucoup plus civilisée.
- Une trilogie, quoi.
- Dans les deux autres films aussi.
- « running gag », c’est un film british.