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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Biopic, #Scott Hicks
Shine (Scott Hicks, 1996)

David Helfgott (Alex Rafalowicz, Noah Taylor puis Geoffrey Rush) est un pianiste de génie. Enfant, il présentait la Polonaise de Chopin à un concours. Adulescent, c’est le concerto pour piano n° 3 de Rachmaninov qu’il présente au prestigieux Royal College of Music, ce qui lui vaut le premier prix (mérité).

Mais cette ascension fulgurante a un pendant : David est un être inadapté, rendu malade par une relation compliquée avec son père (Armin Mueller-Stahl), musicien frustré lui-même par un père autoritaire.

Libéré après de nombreuses années en institution psychiatrique, il échoue dans un bar où trône un piano. Une nouvelle vie s’ouvre à lui.

 

Un an avant le superbe Good Will Hunting, le cinéma australien nous gratifie déjà d’un biopic tout aussi spectaculaire, où à nouveau quelqu’un de basse extraction atteint un sommet dans son domaine. Mais alors que Will Hunting ne devait son choix de réussite qu’à lui-même (arrêter les sorties du samedi soir…), pour David, c’est plus complexe.

Certes, il est malade, mais il l’est à cause d’un autre plus malade que lui encore, son père. Et Armin Mueller-Stahl est encore une fois époustouflant dans ce rôle sans cesse situé entre le Bien et le Mal : c’est par amour qu’il a cette attitude autocratique et castratrice. Et question amour, il est exclusif, reportant tout son capital sur ce fils qu’il aurait voulu être, vivant à travers lui les occasions manquées du fait de son propre père. Et comme ce père est mort dans les camps (ils sont originaires de Pologne), il n’a pas pu s’expliquer « d’homme à homme » avec lui.

 

Si Armin Mueller-Stahl est époustouflant, que dire de Geoffrey Rush ? Phénoménal, bien sûr, mais éblouissant serait un terme qui rappellerait le titre (1), voire extraordinaire. Son interprétation de David, torturé par ces années de conflit larvé (puis ouvert) avec son père, est formidable de justesse. Son flot ininterrompu de paroles plus ou moins oiseuses cache – mal – un immense besoin d’amour : rejeté par son père pour être allé à Londres étudier, il n’a de cesse de se rapprocher des autres, de les toucher (plus ou moins délicatement), de trouver cet amour qu’il a perdu avec son exil.


Et puis il y a la musique. Et là, David se métamorphose. S’il est penché sur son clavier, comme s’il était en train de lire le nom de chaque touche, c’est avant tout pour être au plus près de sa musique, se rapprochant au plus près de cet instrument volumineux qu’il est difficile de prendre dans ses bras. Et son toucher semble léger au spectateur, comme s’il ne faisait qu’effleurer les touches, leur donnant la couleur aérienne qu’il veut : à chaque performance il s’envole et ressent tout ce qu’il y a à ressentir, laissant son corps se débrouiller avec les aspects techniques de l’exécution.

 

La musique des sphères, enfin audible.

 

  1. To shine : briller.
  2. La performance lors du concours du Royal College of Music en est une très belle illustration.
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