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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Muet, #Comédie dramatique, #Clarence Brown
La Femme de quarante ans (Smouldering Fires - Clarence Brown, 1925)

Clarence Brown est très certainement le cinéaste qui a le mieux filmé les femmes. Et cette année 1925 nous offre deux grands films à propos des femmes dont les thèmes ne sont pas si éloignés : Smouldering Fires et The goose Woman.

Dans chacun des deux films, la principale femme décrite n’est plus jeune.

Mais si Louise Dresser interprète une femme qui assume son âge avancé (a-t-elle le choix ?), Pauline Frederick est une femme qu’on peut qualifier de mûre, ce qui est plus délicat que le titre français (1).

 

Donc Jane Vale (Pauline Frederick) est une femme mûre, qui a repris la boîte de son père mort 18 ans plus tôt.

Et qu’a-t-elle fait pendant ces dix-huit années ? Elle a fait prospérer l’affaire, transformant la boutique de tailleur en une grande usine de confection employant plusieurs dizaines de « petites mains ».

Mais toutes ces années, elle n’a vécu que pour cela, entourée d’une équipe à ses ordres si ce n’est à sa botte.

Alors quand un jour Robert « Bobby » Elliott (Malcolm McGregor) lui tient tête, au lieu de le virer, elle l’augmente et rapidement va lui faire grimper les échelons, jusqu’au jour où ils vont se marier.

Et un jour la sœur cadette de Jane, Dorothy (Laura La Plante) rentre à l’improviste et découvre un mari bien jeune pour sa sœur aînée…

 

Dès l’ouverture du film, Brown donne le ton : des pieds qui trépignent, un poing qui martèle une table, la personne que nous allons voir est un homme à poigne.

Sauf que c’est une femme, au regard sévère, une véritable patronne exigeante et qui ne souffre que très peu d’opposition.

Autour d’elle, on trouve une équipe de béni-oui-oui dont une vieille connaissance des amateurs du muet : Tully Marshall. Il est Scotty, le plus ancien employé de l’usine, et une espèce de bras droit qui semble prendre un malin plaisir à rédiger des billets de renvoi aux employé(e)s peu dociles. Mais à mesure que le film avance, son aspect un tantinet méprisable se dissipe, et on en arrive (presque) à l’apprécier…

 

Mais la véritable star du film, c’est bien Pauline Frederick. Elle a 41 ans quand le film sort et assume totalement cet âge, jusqu’à m’arrivée de Bobby. De plus, son allure de patronne lui donne un côté masculin qui ne l’arrange pas.

Ce jeune homme qui s’installe dans sa vie, c’est un retour de jeunesse formidable qui lui est offert.

Si Malcolm McGregor est un jeune homme crédible dans cette histoire, Laura La Plante en sœur cadette est au même niveau. Elle aussi a l’âge de son personnage (20 ans depuis novembre 1924), et se comporte naturellement comme une jeune femme des années 1920s (les fameuses « roaring Twenties »).

C’est d’ailleurs elle qui, inconsciemment, fait se creuser un fossé d’âge qui va en s’agrandissant. De sa première remarque sur l’âge de son beau-frère (2) à la party donnée avec ses amis venus s’amuser, c’est différentes piques qui atteignent la pauvre Jane qui pensait avoir trouvé le bonheur.

 

Mais Jane ne peut lutter contre l’amour et on assiste alors à une magnifique scène de révélation entre les deux sœurs :

Dorothy pleure et Jane vient la consoler, subodorant une peine de cœur. Elle va alors essayer de savoir quel est celui qui la fait pleurer, la cadette secouant la tête alors que Jane prononce les noms de ses amis. C’est en appelant Bobby par la fenêtre afin de lui dire qu’elle l’attend que Dorothy vend la mèche.

Je vous laisse découvrir cette magnifique scène pleine de subtilité.

 

D’une  manière générale, Clarence Brown filme en toute subtilité le film, insistant à chaque fois sur de légers détails, émaillant en plans de coupe l’intrigue. Une deuxième fois les pieds sont révélateurs des personnalités, à un moment où on ne s’y attendrait pas : le mariage. On y voit le pied impatient de l’homme qui s’agite puis une main qui ramasse l’alliance qui vient de tomber au moment de l’échange. Superbe.

 

Je le redis : Clarence Brown avait un don pour filmer les femmes et les rendre magnifiques même dans des moments dramatiques où leur pouvoir de séduction décline. Elles sont belles, tout simplement.

Et encore nous ne sommes qu’en 1925 quand le film sort. L’année suivante va arriver sur les écrans l’une des plus belles femmes du cinéma. Elle tournera plus d’une fois avec Brown, dans des films qui sont devenus mythiques avec le temps. Il faut dire que cette actrice elle-même est mythique et va apporter un grand bouleversement dans l’image de la femme au cinéma. Cette jeune actrice de 20 ans s’appelait Greta Gustafsson.

Mais on la connaît surtout sous son nom de scène, préféré à Gustaffson un peu trop scandinave : Garbo.

 

 

  1. Ces traducteurs…
  2. Elle l’imaginait plus âgé, voire pensait que c’était Scotty.
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