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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Peplum, #Biopic, #Stanley Kubrick, #Charles Laughton
Spartacus (Stanley Kubrick, 1960)

Seul. Désespérément seul.

Au plus fort de l’engagement, quand ses troupes sont au maximum, prêtes à lancer l’assaut contre les armées de Crassus, il est seul. Même auprès de Varinia, sa femme (Jean Simmons), il est seul. Et bien entendu, comme prévu, il mourra seul, crucifié.

Spartacus (Kirk Douglas) est un esclave qui eut la (mal)chance de se trouver sur la route du laniste Batiatus (Peter Ustinov). Chance parce qu’il échappe à une longue agonie, mais malchance parce que la vie de gladiateur n’est pas non plus la panacée.

Le film est une tragédie classique qui comporte trois parties : la vie de gladiateur, la vie de chef des esclaves, l’affrontement.

 

Pendant la première partie, Kubrick met en place ses personnages. Il révèle les liens qui les unissent ou les séparent. La deuxième partie correspond au temps de la tragédie, quand tout semble sourire au héros. Puis, la troisième partie, l’affrontement amène l’issue funeste inéluctable.

Kirk Douglas a retrouvé Kubrick avec qui il avait fait les Sentiers de la gloire. (C’est bien lui qui a engagé le metteur en scène, et pas le contraire). Ensemble, ils font un péplum qui ne ressemble pas aux autres. C’est dans la démesure que le film prend toute sa saveur. Il faut voir ces très nombreux figurants s’élancer vers le port de Brindisi. On n’a pas vu un tel cortège depuis Les dix Commandements en 1956. Mais cette fois-ci, il n’y a pas la fausse anarchie du peuple hébreu. Tout est calculé. Il faut aussi voir les armées romaines se déployer pour en être convaincu. Parce que ce film est précis dans son exécution (pour ce qui est des anachronismes… Passons !). C’est normal, c’est Kubrick. Tout est pensé, exécuté avec précision. Les combats de gladiateurs devenant – comme l’affrontement des deux bandes dans Orange mécanique – des ballets. L’entrainement est synchronisé, les duels chorégraphiés.

 

Cette démesure arrive à son paroxysme quand Crassus parcourt le camp de batailles où sont mêlés les corps des victimes du conflit. Une impression de gigantisme nous submerge, plus encore que dans la séquence des blessés d’Atlanta dans Autant en emporte le Vent.

La démesure enfin dans le générique : outre Kirk Douglas et Jean Simmons, on trouve quelques grands noms : Charles Laughton (Gracchus), Laurence Olivier (Crassus), Peter Ustinov, John Ireland(Crixus), Woody Strode (Draba) et bien entendu Tony Curtis (Antoninus), qui retrouve Douglas deux ans après les Vikings.

Alors que Laurence Olivier a un rôle très fort en face de Kirk Douglas, c’est tout de même ce dernier qui porte le film. Spartacus n’est pas seulement un esclave. Il est un nouvel espoir pour les opprimés. Et cette dimension christique ne peut mieux s’exprimer que par le crucifiement final – supplice alors vil, réservé aux esclaves.

 

Quant au côté péplum, nous nous en éloignons : même si les franges chères à Roland Barthes sont encore (un peu) là, l’apparition du sang amène une dimension réaliste qu’on ne trouvait pas dans les années 1950. De plus, le côté ambigu de Crassus quant à sa sexualité est finement amené et peu courant à cette époque (tout comme la relation entre Messala et Ben Hur, dans le film éponyme de William Wyler).

[NB : Gracchus inspirera Goscinny et Uderzo pour le préfet Pleindastus, dans La Serpe d’or]

 

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