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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Muet, #Comédie, #John Francis Dillon, #Mary Pickford, #Albert Austin
Rêve et Réalité (Suds - John Francis Dillon, 1920)

Londres dans la blanchisserie de Madame Didier (Rose Dione).

Amanda est une fille à tout faire dans cet établissement : laver le linge et le sol, livrer le linge, le ranger. Bref, elle est un tantinet exploitée par sa patronne française (1), pour la plus grande joie des lavandières.

Malgré cette dure vie, elle rêve de son prince charmant : Horace Greensmith (Albert Austin), qui amena un jour une chemise rayée et revient la chercher au bout de 8 mois et demi.

Devant les moqueries de ses collègues, Amanda imagine et leur raconte un passé aristocratique avec histoire d’amour contrarié.

 

Dès les premiers intertitres, le ton est donné : nous sommes dans une comédie. Nous allons donc suivre l’histoire d’une chemise (rayée), d’un cheval (âgé) et d’une jeune fille (rêveuse). Bien sûr, le scénario est du sur mesure pour Mary Pickford, mais encore une fois, elle nous montre l’étendue de son talent, avec un personnage un peu plus âgé que d’habitude : ce n’est pas une petite fille.

Et la (bonne) surprise, c’est aussi la présence d’Albert Austin – transfuge de chez Chaplin – dans un rôle sans attribut capillaire et presque de jeune premier.

 

Mais revenons sur le titre (2).

« Suds » en VO, signifie « mousse » ce qui se conçoit aisément au vu du lieu principal où se déroule le film, et cette mousse est aussi source de gags : quand Amanda verse de la poudre dans une lessive sans regarder ; ou l’incontournable lavandière qui tombe dans son baquet.

La dichotomie du titre français ne s’explique que par la rupture dans la narration introduite par le passé que crée Amanda à la chemise d’Horace Greensmith. C’est une histoire rebattue d’amour malheureux montrant des personnages sortis tout droit d’une quelconque opérette avec bonnets à poils de rigueur. Albert Austin est alors le jeune premier amoureux de la « duchesse » Amanda dont le père archiduc (Darwin Karr) refuse l’idylle. Mais je vous laisse découvrir comment la chemise entre dans l’histoire.

 

Mary Pickford est en pleine forme et le fait qu’elle ne soit pas une petite fille rend son rôle plus intéressant. Nous lui connaissons trois tenues plutôt différentes : celle de la souillon ; celle de la duchesse et celle de la jeune fille en goguette. Si la duchesse porte une tenue avec bijoux et fanfreluches, on assiste à une belle transformation quand Amanda s’apprête à sortir avec Horace : elle rabat sa robe qu’elle avait relevée pour le travail ménager, montrant un jupon de rayures ; enfile une veste qu’elle attache avec une épingle de nourrice ; arrange ses cheveux et porte un chapeau de paille. En très peu de temps, elle est totalement métamorphosée et ressemble plus à la Mary Pickford publique, qui avait tout de même 28 ans quand le film est sorti…

 

C’est finalement un film très simple que nous propose Jack Dillon (3), mais dont le montage dynamique et la présence de Mary Pickford donne une très bonne impression. Mary Pickford s’amuse et amuse autant qu’elle attendrit, et la présence d’Albert Austin, habitué des comédies, amène le lien avec le slapstick, surtout dans la séquence en costumes. Et puis Charles Rosher est derrière la caméra (pas tout le temps, il partage la place avec L. William O'Connell qui est alors un débutant : ce n’est que son deuxième film) et on a alors droit à de très beaux portraits de Mary en gros plan. Ces gros plans montrent aussi un autre aspect de l’actrice : elle passe la plus grande partie du film la bouche close, sans sourire. Il faut dire que travailler pour la Didier, ce n’est pas une sinécure.

 

Au final un « petit » film mais la présence de Mary Pickford lui donne un petit peu plus de cachet, même s’il n’atteint pas les fabuleux films de William Beaudine avec la star (4).

 

PS : et le cheval me direz-vous ? Il s’appelle « Lavender » (comme la plante dicotylédone aux fleurs violettes qu’on trouve en Provence) et est une ancienne monture de polo recyclée dans la comédie avec bonheur.

  1. « French Hand Laundry » est écrit sur le mur : blanchisserie française. De plus Mme Didier nous gratifie d’un vocabulaire fleuri dans la langue (s’il vous plaît) pour qualifier sa souillon .
  2. Je sais, je fais une fixation. Mais je ne peux pas m’empêcher de constater les décalages voire les perles des traducteurs. Une déformation étudiante, à défaut d’être professionnelle…
  3. De son vrai nom John Francis Dillon (1884-1934), appelé Jack (le diminutif de John) dans les titres de présentation.
  4. Difficile de rivaliser en effet…
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