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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Muet, #Thriller, #Lois Weber, #Philip Smalley
Suspense (Lois Weber & Philip Smalley, 1913)

Lois Weber (1879-1939) était la pionnière du cinéma américain. Quand sort Suspense, elle a déjà de nombreuses réalisations à son actif, la plupart codirigées avec son mari Phillips Smalley.

Le film se situe en plein essor cinématographique du couple qui va réaliser l’année suivante un premier moyen-métrage : le Marchand de Venise.

Mais nous n’en sommes pas encore là.

Reprenons.

 

Alors que la domestique (Lule Warrenton) fuit la maison isolée d’une jeune femme et son enfant, un vagabond malintentionné (Sam Kaufman) va pénétrer dans cette même maison pendant que le mari (Valentine « Val » Paul) sera parti précipitamment au secours de sa femme après que celle-ci lui ait téléphoné.

 

Ici, en 10 minutes, tout et dit : le couple Weber-Smalley nous montre qu’il sait filmer et en plus utiliser des techniques novatrices.

En effet, alors que la majorité de la production se contente de plans d’ensemble ou de plans américains, on est frappé par l’utilisation d’un cadrage en plongée pour montrer en caméra subjective ce que voit la femme (Lois Weber) de sa fenêtre en haut : un vagabond qui rôde dangereusement près de la maison. De plus, l’utilisation d’un gros plan du visage du vagabond va conditionner le suspense du film : on sent la menace que représente ce rôdeur.

Mais surtout, c’est l’utilisation de l’écran divisé qui retient le plus notre attention. Non parce que c’est la première fois que c’est employé au cinéma (1), mais parce qu’on est peu habitué et surtout parce que ce plan triple est d’une grande pertinence narrative.

 

Le premier élément qu’on voit, un triangle qui a pour base le bas de l’écran, c’est le mari au téléphone qui prévient sa femme qu’il sera en retard le soir. Puis, quand on revient sur ce même triangle, il a été complété par deux autres (voir photo ci-dessus) : la femme au téléphone (à droite) et le vagabond qui rôde (à gauche).

Autre effet visuel intéressant : la poursuite en voiture vue à travers le rétroviseur extérieur.

La mari a « emprunté » une voiture et est poursuivi par son propriétaire aidé de la maréchaussée. A plusieurs reprises, nous pouvons apercevoir la voiture de police qui s’approche de celle que conduit le mari. Encore une fois, on retrouve cette idée de caméra subjective qui rend la poursuite plus vivante et accentue le suspense annoncé.

Le tout, bien sûr, intégré dans un montage parallèle qui n’est certainement pas sans rappeler les sauvetages de dernière minute de D.W. Griffith.

A propos de Griffith, cette séquence de sauvetage n’est pas sans rappeler celle de A Woman scorned qu’il a réalisé deux ans plus tôt.

 

Au final, nous avons un film bref mais intense et surtout d’une très grande maîtrise technique. Weber et Smalley donne une dimension supplémentaire à ce suspense en introduisant un principe de caméra subjective pour permettre au spectateur d’être au plus près de l’action (2).

Un grand moment de cinéma.

 

  1. Une présentation du film insère une intervention de Kevin Brownlow qui explique que c’est au Danemark qu’il faut trouver sa première utilisation.
  2. Dès la première séquence, on utilise cette caméra subjective : la domestique regarde par le trou de la serrure et le plan suivant voit ce qu’elle voit à travers une forme de serrure.

 

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