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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Roman Polanski, #Drame
Tess (Roman Polanski, 1979)

Quel gâchis !

Tout ça parce qu’un pasteur s’intéresse à la généalogie.

Alors Jack Durbeyfield (John Collin) devient Sir John d’Urberville et toute la vie de sa famille est changée.

Tess (Nastassja Kinski, merveilleuse), sa fille, aurait pu faire une très bonne institutrice. Mais non. Elle doit « réclamer » son nom.

A qui ? A d’autres d’Urberville. Des Stoke. En clair : des faux.

Mais quand on a toujours été pauvre, c’est difficile de faire valoir des droits. Alors Tess accepte tout, et n’importe quoi. Elle devient même la maîtresse du fils de la maison, le séduisant Alec (Leigh Lawson), son « cousin ».

Mais si elle quitte cette maison, il en restera des traces. Et ces traces ne s’effaceront pas de sitôt. Il faudra du temps. Beaucoup de temps.

Et quand elles se seront effacées, il ne restera plus de temps, ou si peu.

Roman Polanski nous offre l’une des plus belles histoires d’amour du cinéma. Et il permet à une toute jeune actrice de crever l’écran. Nastassja Kinski est sublime. Elle incarne à merveille cette jeune fille qui mûrit doucement et devient (très) progressivement une femme. Femme malheureuse, mais femme tout de même. Que d’affres elle doit endurer pour arriver à sa véritable libération et son plus grand amour.

Et quel prix à payer.

Sans cesse déçue par la vie, elle erre. Elle erre dans une Angleterre rurale et pudibonde, traînant son nom prestigieux comme une marque d’infamie : depuis la révélation paternelle, jamais la vie ne lui sourit. Sans cesse, elle s’enfonce dans la solitude et le désespoir.

Et quand elle rencontre Angel (Peter Firth), on imagine enfin une lueur dans sa vie terrible. Mais cette lueur s’éteint une fois le mariage prononcé, Angel n’étant pas prêt à accepter le passé honteux de Tess. Alors Tess repart sur les routes et reprend cette vie d’errance, espérant secrètement un rappel de son mari.

Lentement, Polanski développe le destin – tragique – de Tess. La scène du mariage – raté – est d’une grande importance. Alors qu’elle a avoué sa faute à son mari, il s’en va, la laissant seule avec son passé, dans cette salle à manger vide, où, sur une banquette, git une corde : objet prémonitoire de son destin funeste.

Elle le rejoint, mais il continue sa route. Elle repart, dans l'autre sens. Nouvelle occasion manquée.

Tess n'atteindra jamais le bonheur. Ou si peu de temps.

En plus d'une belle histoire d'amour, nous avons droit à des images superbes. Beaucoup de brumes, de temps automnal. Nous sommes dans une toile. Polanski use d'un sfumato donnant une impression de rêve. Rêve pour le spectateur, plutôt cauchemar pour Tess. Le crépuscule, cette période où on ne sait très bien si le soleil se lève où se couche est très présent dans cette œuvre. L'une des plus belles illustrations étant quand les filles de la ferme Crick observent Angel dans le soleil couchant, la fenêtre tantôt éclairée par les rayons, tantôt éclairant les jeunes filles.

Deux crépuscules sont importants :

  • Quand Tess et d'autres jeunes filles, au tout début, participent au bal de son village ;
  • Quand le soleil se lève sur Stonehenge, à la toute fin du film, accompagnant Tess vers son destin tragique

Tess a donc vécu une longue nuit, cette longue nuit prenant fin à Stonehenge, site « païen » dédié au retour de la vie, alors que paradoxalement elle marche vers la mort.

Mais cette mort n'est pas une fin en soi. C'est ce qu'elle appelle de tous ses vœux tout le temps.

Et la seule question qui la hante et qu'elle pose à Angel - « est-ce qu'on se retrouvera après ? » - devient son espoir, sa planche de salut dans un monde supposé meilleur. Après.

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