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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Espionnage, #Suspense, #Alfred Hitchcock
Les 39 Marches (The 39 Steps - Alfred Hitchcock, 1935)

Que dire e nouveau sur ce film archiconnu, vu plus de mille fois depuis son premier passage à la télévision ?

Tout d’abord que 85 ans après, cela fonctionne toujours aussi merveilleusement bien.

On y retrouve tous les thèmes chers à Hitchcock, de l’espionnage, en passant par l’innocence accusée sans oublier la sexualité, véritable leitmotiv de ses films jusqu’au « passage à l’acte » de Frenzy. Et j’allais oublier : l’humour!

 

Nous avons donc un jeune Canadien qui répond au nom de Richard Hannay (Robert Donat), enfin pas trop depuis l’assassinat de la mystérieuse Mrs. Smith (Lucie Mannheim) dans son appartement.

Qui l’a tué ? Une bande de malfaiteurs spécialisés dans le vol de secrets d’état répondant au nom de « 39 Marches ».

Nous assistons alors à une traque double : d’un côté un homme innocent poursuivi par la police pour ce crime qu’il n’a pas commis ; de l’autre cet innocent qui poursuit  « le professeur » (Godfrey Tearle), responsable de la situation et surtout chef du sinistre réseau.

 

Tout commence et se finit au music-hall, là où Hannay regarde un numéro « exceptionnel » : Mr. Memory (Wylie Watson) qui a mémorisé (d’où son nom) des informations (50 par jour !) et se propose de répondre aux questions (sérieuses) des spectateurs.

Entre les deux interventions de ce personnage fort étonnant, une aventure pleine de rebondissements où Hitchcock s’amuse et amuse le spectateur, jouant avec les différentes possibilités qu’offre le cinéma : visuelles et sonores.

 

Passons vite sur « l’effet spécial » : un hélicoptère (rudimentaire) qui est utilisé dans la traque d’Hannay. A moins que ce ne fût pour montrer l’éventail des différents moyens de Scotland Yard, cet engin volant est clairement incrusté, et surtout ne sert pas beaucoup l’intrigue.

Par contre, l’utilisation du son est des plus remarquables, une constante depuis Blackmail : la gardienne (concierge) qui découvre le cadavre de Mrs Smith et qui crie alors que nous entendons la sirène du train reste à ce jour (et à mon avis) l’une des plus belles utilisations du son au cinéma.

 

Bien sûr, l’association Robert Donat-Madeleine Carroll (Pamela), fonctionne à merveille : une opposition qui se transforme en jeu amoureux dans une situation de crise contribue au succès du film et à ce qu’on appellera alors la « Hitchcock touch ».

Outre son obsession de l’innocence accusée (1), on retrouve cette sexualité larvée qui émaille son œuvre.

C’est d’abord Mrs. Smith (encore elle), qui s’invite chez elle, sans occulter quelque sous-entendu qui ne sont alors plus équivoque. Mais ce sont aussi les vendeurs de gaines et autres articles féminins qui parlent de leur marchandise avec aisance pendant qu’un voyageur troublé les quitte.

Et puis il y a Pamela. Elle se retrouve enchaînée à Hannay et doit partager son intimité (2), sous l’œil bienveillant d’une aubergiste (Hilda Trevelyan) qui les prend pour un couple d’amoureux qui s’est enfui. Cette histoire n’en est pas vraiment une : ils sont en fuite mais certainement pas un couple d’amoureux. Enfin pas encore.

Alors quand Pam doit enlever ses bas, on voit la main de Hannay qui suit ses mouvements et par la même occasion caresse (involontairement ?) ses jambes.

 

Et puis il y a l’humour, indissociable des films du maître. Il est de plusieurs sortes : du plus vulgaire (l’âge de Mae West, et autres réflexions des spectateurs du music-hall) au plus subtile (les réflexions autour des cantiques), c’est une bonne dose de cet humour anglais si particulier.

 

Bref, Les 39 Marches est un film réussi à plus d’un titre : non seulement il est réalisé de main de maître, mais en plus, le pari des producteurs se révèle payant. Hitchcock confirme qu’il est un grand directeur et que le succès de L’Homme qui en savait trop l’année précédente n’était pas un accident.

Hitchcock est un grand et cela va se savoir. Au point qu’il sera bientôt demandé à Hollywood.

Mais vous vous en doutez bien : ceci est une autre histoire…

 

  1. Enfant, Hitch fut enfermé (très) brièvement au poste de police à la demande de son père : cette expérience traumatisante le poursuivra toujours, et peut expliquer ses nombreux héros qui doivent se disculper, en plus de sauver leur entourage ou leur pays.
  2. Jusqu’à un certain point défini par la morale (stricte) anglaise : et de toute façon, les personnages de cinéma n’ont pas besoin d’aller aux toilettes.
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