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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Western, #Guerre, #Don Siegel, #Clint Eastwood
Les Proies (The Beguiled - Donald Siegel, 1971)

La Guerre de Sécession, dans le Sud.

L’armée du Nord bat en retraite et un soldat blessé est recueilli dans une institution de jeunes filles.

Chacune leur tour elles vont presque toutes tomber amoureuse de John « McB » McBurney ce soldat séduisant aux manières policées, ensorcelées par l’aura de ce mâle qui a les traits de Clint Eastwood (1).

 

Ensorcelées serait une meilleure traduction du titre de ce western si particulier de Don Siegel.

En effet, s’il ne se passait pas pendant la période de la Guerre Civile américaine, on pourrait plus facilement parler d’un huis clos, qui est bien différent des grands espaces habituels des films de ce genre.

Et ces jeunes femmes sont ensorcelées, soutenues par un monologue intérieur qui accentue cet ensorcèlement qui touche Miss Martha (Geraldine Page), la plus âgée, comme Amy (Pamelyn Ferdin) qui a douze ans – bientôt treize ! – qui est le véritable instrument du destin de cet homme et de cette maisonnée.

Bien sûr, ce sont aussi des proies pour cet homme qui tâche tant bien que mal de dissimuler sa vraie nature, enrobant ses mensonges dans un ton et un regard des plus convaincants pour ces femmes avant tout en manque d’homme !

 

Eastwood, en attendant de triompher quelques mois plus tard (décembre) dans le rôle emblématique de Harry Callahan, compose ici un personnage unique dans sa carrière : un méchant aux manières suaves, aux regards séduisants et à l’âme noire, amenant un grand désordre dans cet univers féminin.

McB est un être répugnant certes, mais il n’en demeure pas moins un personnage très intéressant, calculant et manipulant l’une puis l’autre pour arriver à ses fins.

 

Et avoir transformé « ensorcelées » en « proies » fait de McB un chasseur alors qu’il n’a qu’une idée en tête : utiliser l’une ou/et/contre l’autre pour arriver à se sortir de cette prison particulière : il est avant tout un ennemi du Sud que soutiennent ces femmes, bien que la majorité d’entre elles a tendance à l’oublier.

Mais il faut dire à leur décharge que leurs propres soldats ne sont pas non plus des personnages très engageants, comme l’illustre très bien la venue d’un capitaine sudiste avec l’objectif de protéger toutes ces femmes (« femelles » serait peut-être plus dans sa façon de penser) : ce sont des hommes qui, à l’instar de McB, n’ont pas tenu de femme dans leur bras depuis un moment, surtout quand on sait que tout cela se passe en fin de conflit, soit quatre ans après le début des hostilités.

 

Mais la force de ce film, outre l’interprétation de Clint Eastwood et de la grande Geraldine Page, c’est ce huis clos qui va devenir de plus en plus pesant, à mesure que McB se rétablit avant la rechute fatale dans tous les sens du terme.

Siegel, en plus de laisser ses interprètes s’exprimer intérieurement, illustre leurs pensées, mêlant alors la réalité et les différents fantasmes de ces personnages avant tout humains, bons ou/et mauvais.

 

En outre, son film possède une forme en miroir qui voit une sorte de symétrie dans laquelle le rôle d’Amy est primordial : c’est en cherchant des champignons qu’elle tombe sur ce soldat à la jambe blessée qu’elle va amener aux autres. C’est aussi autour des champignons que se jouera la fin du film, et encore une fois c’est Amy qui en sera le personnage principal. McB repartira avec cette même jambe dans un état encore plus mauvais qu’au début, ramenant ces femmes à leur situation initiale : sans homme certes, mais cette fois beaucoup plus volontairement.

 

  1. Qui ne le serait pas, n’est-ce pas mesdames ?
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