Le western initial.
D'autres suivront et reprendront les mêmes thèmes, les mêmes personnages, les mêmes situations. Walsh vient de chez Griffith, comme Ford, ce qui n'est pas innocent. Et ce western a plus d'une similitude avec ceux de Ford :
- Un gentil, beau, jeune, courageux, John Wayne, quoi. La belle, farouche qui ne se laisse pas faire.
- Un méchant. Ou plutôt TROIS méchants : Flack (la brute), Lopez (l'idiot) et Thorpe (le sournois).
- Le vieux ronchon (Zeke)
- Le paysan émigré et sa belle-mère acariâtre, source de gags.
- Ward Bond.
Mais en plus, il y a tous les ingrédients de la migration des pionniers qui repoussaient sans cesse les limites de la Frontière et qui continuaient malgré les éléments (hostiles, bien sûr) Et les éléments sont là : le désert (aride), la pluie (diluvienne), la boue qui enlise les chariots et la neige.
Mais il y a aussi des moments magiques comme la description de la vie de trappeur par Coleman, où John Wayne nous montre qu'il n'a pas été qu'un cow-boy justicier. Autre moment magique : les naissances multiples, humaines et animales, qui accompagnent la progression de la caravane.
Et puis il y a les Indiens. Les Pawnees qui aident Coleman, et puis les autres. Ceux qui tolèrent les colons et les autres, ceux qui les attaquent (ce seront les seuls qui seront tués par les pionniers). Là encore, John Wayne/Coleman rend hommage aux Indiens. [On est encore loin du principe « un bon Indien est un Indien mort.»]
Ajoutez à cela un format d'image audacieux pour l'époque et vous obtenez l'un des westerns les plus accomplis qui soient. Des paysages grandioses avec des prises de vues magnifiques.
Vraiment, un grand moment de cinéma qu'il ne faut pas avoir vu qu'une seule fois. Et puis la rencontre entre Ruth et Breck se termine comme elle a commencé : par un baiser. Volé au début, donné passionnément à la fin.
[Ces ingrédients serviront aussi à Morris et Goscinny pour la bande dessinée La Caravane (1964)]