Ca commence doucement, innocemment.
Deux enfants pénètrent dans un ancien aérodrome militaire du sud de l’Angleterre : l’un d’eux a un avion télécommandé à essayer. Rapidement, un véhicule de l’armée arrive et les enfants sont appréhendés et gourmandés par un officier qui les renvoie à l’école.
Sauf que ce n’étaient pas de vrais militaires : le plus jeune, David Tarrant (Paul Moss), a son père qui travaille pour le MI6 et que récemment, ce service a récemment acquis un lot de diamants bruts et que les kidnappeurs ont l’intention de les en débarrasser…
Donald Siegel, je l’ai déjà dit, est un réalisateur efficace, comme souvent ses personnages principaux. John Tarrant (Michael Caine) en fait partie pleinement. C’est un agent secret très britannique, avec ce que cela implique de flegme, mais c’est avant tout un père de famille qu’on a piégé.
Mais qui dit MI6, dit fatalement James Bond. Il est vrai que d’une certaine façon, nous suivons un peu le même parcours que Bond quand Tarrant se balade dans les services avec, à défaut de Desmond Llewelyn, un technicien qui nous fait la démonstration d’une serviette plutôt meurtrière mais qui laisse tout de même son porteur ainsi que les documents intacts.
En guise de M, nous avons Cedric Harper (Donald Pleasence), et sa secrétaire Miss Monley (plenny ?), qui bien que célibataire comme Miss Moneypenny, a déjà pas mal d’heures de vol derrière elle : Joyce Carey avait déjà 76 ans quand le film est sorti…
Mais la grande différence avec James Bond tient dans le fait que cette histoire est très réaliste et peu portée sur l’humour et la parodie comme chez Bond (1) ou encore OSS 117.
Michael Caine est très crédible dans une histoire qui l’est un tantinet moins : pourquoi ces deux enfants et surtout ce jour-là ? Mais au cinéma, tout est (presque) permis, alors continuons.
Michael Caine porte le film de bout en bout et son expérience dans les films d’espionnage dans lesquels il a tourné auparavant lui sert beaucoup.
Le film est très bien dosé : juste ce qu’il faut de scènes d’actions et de romance – il renoue avec sa femme – ainsi que le fonctionnement du MI6 où étonnamment c’est le chef Harper qui arbore le détachement habituellement réservé à Bond.
Quoi qu’il en soit, il aurait peut-être été un peu plus intéressant de creuser un tantinet plus le contexte afin d’expliciter un peu plus les manœuvres des méchants, qui sont par ailleurs très intéressants avec surtout la belle Ceil Burrows (Delphine Seyrig, superbe), sans oublier McKee (John Vernon qui retrouve encore une fois Don Siegel), méchant labellisé mais avec tout de même une espèce de sens de l’honneur.
Tout ceci nous donne un film agréable, à l’intrigue tout de même bien ficelée, mais qui aurait tout de même gagné en envergure si le début et la fin avaient été un peu plus développés.
(1) Une référence savoureuse tout de même au début du film, dans une réplique de Donald Pleasence qui fut, ne l’oublions pas, le premier Ernst Stavro Blofeld que nous avons rencontré (On ne vit que deux fois).