Le vagabond (Charles Chaplin) et son chien, à la rue, sans un sou.
Spike Dugan (Ernest van Pelt), champion de boxe, cherche un sparring-partner pour prendre des coups aux entraînements. Alors, comme il n'a pas d'argent, et que sur son chemin, il bute sur un fer à cheval (voyant là un signe du destin), il accepte.
Mais Spike cogne dur, et notre vagabond regrette vite son choix.
Heureusement, il y a le fer à cheval...
Chaplin propulse son personnage dans un monde qui devrait lui être étranger : la boxe. Tout est là : les champions qui cognent fort, la salle d'entraînement, le ring et les spectateurs enragés. On trouve même un individu louche (Leo White) avec haut-de-forme (toujours les chapeaux !) qui essaie de truquer le match.
Le vagabond n'est pas ce qu'on peut appeler un athlète complet, et surtout, sa façon de se battre n'est pas vraiment orthodoxe, cherchant toujours à obtenir une victoire rapide sans se préoccuper de la forme, utilisant dès que possible divers objets contondants pour y arriver. Et malgré les règles du marquis de Queensberry, le vagabond va utiliser l'objet qu'il a considéré comme pouvant faire son bonheur : le fer à cheval.
C'est d'ailleurs l'une des premières fois - si ce n'est la première, je manque d'éléments, il faut que je demande à mon ami le professeur Allen John - que le fer à cheval se glisse dans un gant de boxe au cinéma. Mais là où Chaplin se révèle, c'est en prolongeant le gag du gant lesté. Non seulement il assomme le champion, mais en plus, il frappe les autres protagonistes de la scène (entraîneur, sparring-partners...) volontairement ou non, ayant oublié que son gant était habité...
Ce gag sera maintes fois réutilisé et surtout magnifié par Tex Avery, dans Lonesome Lenny, par exemple.
Et puis il y a la femme. C'est la fille de l'entraîneur (Edna Purviance). Mais elle n'a pas grand chose à faire dans ce film. Une courte apparition ponctuée par un baiser. Ce baiser d'ailleurs, ne déroge pas à la règle qui va devenir habituelle : le vagabond n'embrasse pas ou très peu ses partenaires. Et ici, il l'embrasse... Sans l'embrasser ! (Voyez le film, vous me comprendrez...)
Pour le reste, il y a la grande scène que nous attendons tous, surtout nous, spectateurs un siècle plus tard : le grand combat contre un champion non moins grand : Bob Uppercut (Bud Jamison).
Il tient ses promesses, ce combat, et dans une certaine mesure, annonce celui qu'on trouve dans Les Lumières de la ville (1931). Mais comme pour beaucoup de ces premiers films où Chaplin est metteur en scène, on assiste à une ébauche de ce qui deviendra plus tard des scènes comiques d'anthologie. On sent que Chaplin, comme Bud Jamison qui retient ses coups pour ne pas abîmer son partenaire, se retient.
Il essaie, il esquisse.