« My Lady » c’est ainsi qu’on l’appelle : Fiona Maye (Emma Thompson) est juge pour enfant pour
C’est à ce moment que lui arrive L’affaire : Adam Henry (Fionn Henry) est atteint d’un cancer qu’on pourrait guérir grâce à une transfusion sanguine. Seulement voilà, il a été élevé dans le respect des règles des Anciens : il est témoin de Jéhovah et donc refuse la transfusion.
Etre juge n’empêche pas d’être humain, n’en déplaise à certains ex-prévenus qui ont été jugés contrairement à leur(s) conviction(s). Et Fiona Maye ne déroge pas à cette règle : dédiée totalement à son métier – très prenant, cela va sans dire – elle est passée à côté de son mariage, favorisant le destin des autres au sien. Mais le cas d’Adam va la remettre en face de ses réalités, cette histoire débordant du cadre judiciaire, et s’imposant à elle jusque dans son intimité.
Et le choix d’Emma Thompson pour interpréter cette juge est des plus judicieux : seule une actrice de sa trempe pouvait mener ce rôle à son terme sans tomber dans le pathologique.
Mais comme toujours, pour qu’une actrice soit grande, il faut que son entourage le soit avec elle. C’est le cas ici : de Stanley Tucci à Fionn Henry, en passant par Jason Watkins (Nigel, son greffier ultra dévoué), tous sont au service de cette grande dame et contribuent à faire du film un grand moment de cinéma.
Et Richard Eyre filme avec beaucoup de subtilité et de discrétion cette histoire singulière : Fiona est de bout en bout humaine, avec ses interrogations, ses doutes mais aussi ses certitudes. Interrogations par rapport à l’état d’esprit de ce jeune homme qui épouse sans condition le mode de vie de ses parents ; doutes quant à savoir si les décisions de justice qu’elle rend sont véritablement justifiée ; certitudes par rapport à sa vie conjugale et l’écart exceptionnel de son mari. Mais dans ce dernier cas, elle ne peut que retomber dans de nouveaux doutes : si aventure (passagère : deux jours) il y a, quelle en est sa responsabilité ?
Quoi qu’il en soit, et malgré tout ce qu'on peut enseigner en école de magistrature, sa situation – tendue – avec son mari affecte ses décisions, ou tout du moins son attitude dans diverses affaires.
Et c’est en cela qu’Emma Thompson est une grande actrice : elle réussit à faire de Justice Maye (1) une femme normale avant tout, avec ce qui a été décrit plus haut. Et on suit avec attention et une certaine dose plaisir (2) le cheminement de cette femme qui, en sauvant ce jeune homme par autorisation de la transfusion, va acquérir d’autres responsabilités inattendues, mais d’une certaine manière inévitables : « Avec un grand pouvoir viennent de grandes responsabilités. »
Ce n’est pas moi qui le dis, mais Churchill en 1906. Et avant lui le député William Lamb en 1817. Et bien sûr, n’oublions pas l’Oncle Ben, dans Spider-Man…
Un beau film quand même.
- Quand on est juge, en Grande-Bretagne, on a un nouveau prénom, le même pour chacun.
- Voire une dose certaine de plaisir…