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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Muet, #Drame, #Rex Ingram, #Rudolph Valentino
Eugénie Grandet (The conquering Power - Rex Ingram, 1921)

Quatre mois après Les quatre Cavaliers de l’Apocalypse, Rex Ingram sort un nouveau film avec le même duo vedette : Alice Terry (Mme Ingram à la ville) et Rudolph Valentino, la révélation du film précédent.

Derrière le titre original – The conquering Power – se cache une adaptation du roman de Balzac, Eugénie Grandet.

Cette puissance évoquée par le titre original est l’amour, qui réussit à se jouer de tout pour triompher.

Enfin, c’est le cas ici, et c’est tant mieux.

 

Victor Grandet (Eric Mayne) est ruiné, et envoie son fils Charles (le beau Rudolph) chez son frère Félix (Ralph Lewis) qui a une charmante fille, la belle Eugénie (Alice Terry, donc). Bien sûr ces deux-là tombent amoureux, mais Grandet père, qui est un avare de la pire espèce ne veut pas partager sa fille et va même jusqu’à spolier son neveu en l’envoyant à la Martinique, espérant le séparer pour de bon d’Eugénie.

Mais comme l’annonce donc le titre original et les intertitres de présentation, tout se terminera bien.

 

N’ayant pas lu le roman, mais connaissant l’histoire, je pourrai m’indigner de cette adaptation qui est bien loin de l’intrigue balzacienne. Mais je n’en ferai rien : nous sommes au cinéma, que diable !

En quoi cette adaptation est-elle moins bonne que celle de Rupert Julian pour Notre-Dame de Paris ?

 

Toujours est-il que si les amoureux sont les protagonistes les plus importants du film, le personnage le plus intéressant est le père Grandet, celui d’Eugénie.

Et Ralph Lewis est magnifique dans ce rôle d’homme obsédé par l’argent.

Le plus grand (et beau) moment du film est d’ailleurs le moment où ce dernier devient fou, voyant les victimes de ses opérations financières venir l’accuser (on a alors de très belles surimpressions), jusqu’à l’apparition d’une espèce de divinité de l’or (C.E. Collins) : serait-ce Mammon en personne ?

 

Autour de ces trois personnages-clés de l’intrigue, Ingram compose une petite bourgade française avec ses personnages truculents, amenant une intrigue parallèle entre la servante de Grandet (Mary Earne) et un paysan du coin (Eugene Pouyet), seules personnes à se réjouir après le coup de théâtre final.

Cette dernière scène est construite comme une scène classique : tous les protagonistes (encore vivants) y participent pour le triomphe de l’amour (1). On y retrouve d’autres participants croquignolets : la trinité Cruchot.

Ces trois personnages sont aussi fats que ridicules : un notaire (Edward Connelly) un tantinet véreux – ce n’est pas toujours un pléonasme ! – un abbé (Willard Lee Hall) obséquieux et le fils à marier (George Atkinson) d’un âge déjà avancé.

Ce trio est l’un des éléments comiques du film avec le marivaudage ancillaire.

 

Ingram nous offre un film dans la lignée de ses précédents, où Valentino et Terry sont sur la même longueur d’onde et joue avec la retenue nécessaire, ce qui est préférable vu la démesure de la folie du père Grandet/Ralph Lewis.

L’exubérance de Grandet annonce celle d’Oliver Haddo (Paul Wegener) dans The Magician quelques années plus tard, l’intervention surnaturelle du Fantôme de l’Or étant dans la même lignée.

 

J’ajouterai enfin que le scénario est signé par la grande June Mathis qui, à la mort de Valentino, fera reposer son corps dans un emplacement tout près du sien, le rejoignant moins d’un an plus tard, victime d’une crise cardiaque. Elle avait 40 ans.

 

 

(1) comme annoncé plus haut.

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