Et de 15 !
Oui, c’est déjà la quinzième adaptation du roman de Dumas, cette « histoire immortelle » (comme annoncée dans le générique de début) de vengeance et d’amour, d’emprisonnement et de mort…
Edmond Dantès est interprété par Robert Donat et est toujours arrêté sur ordre du procureur Villefort (Louis Calhern), épaulé par deux jaloux dangereux : Danglars, qui n’a pas été nommé par Morrel (Walter Walker) qui lui a préféré le même Dantès ; et Mondego (Sidney Blackmer) qui aime la belle Mercedes (Elissa Landi) qui lui préfère (là encore !) le bel Edmond.
S’ensuivent bien sûr les seize ans au Château d’If, la rencontre de l’abbé Faria (O.P. Heggie), la mort de ce dernier et l’évasion qui s’ensuit.
Tout est donc prêt pour la vengeance, deuxième partie du film.
Rowland V. Lee, voilà maintenant quatre-vingt-dix ans (!) nous propose lui aussi une adaptation qui tient ses promesses, même si le terme adaptation est on ne peut plus pertinent ! En effet, exit Caderousse, la maison du scandale et le fils caché de Villefort. Pour le reste, Danglars est toujours aussi méprisable et sa fin n’a rien à envier à l’originale, tout comme le sort réservé à Villefort.
Lee, qui a participé à l’adaptation avec Philip Dunn & Dan Totheroh (le frère de Roland), s’en tire vraiment très bien et ce malgré une fin de film qui explique le choix de Josée Dayan dans sa version avec Depardieu (1) : nous avons donc droit à la happy end de rigueur (pour l’époque et le lieu) où Mercedes et Dantès peuvent enfin s’aimer.
Certes, Nous n’avons pas le sommet que représente le souper offert par Dantès à ses bourreaux avec la révélation qui va avec, mais la machination de ce dernier se défend et nous assistons à un final assez réjouissant qui se situe, encore une fois, au tribunal. Mais puisque le fils (maudit) de Villefort a été écarté de l’intrigue, c’est Dantès soi-même qui est jugé pour son évasion. Et Lee nous offre une séquence qui a tendance à nous faire sourire : la barre du témoin est sur roulette et Villefort, avant Dantès, s’en sert pour bien faire admirer au public et aux jurés la face (hideuse, cela va de soi) d’un être misérable et nuisible, espion bonapartiste de surcroît.
Donc le basculement final qui voit Villefort fustigé à son tour sur cette singulière « charrette d’infamie » est là encore une très belle trouvaille.
Comme Matthieu Laporte et Alexandre de la Patellière, Lee adapte avec intelligence le roman (immortel), privilégiant certains éléments, en enlevant d’autres pour arriver à une intrigue bien ficelée et logique, sauf en ce qui concerne la fameuse happy end (2). Mais que voulez-vous, on ne peut pas tout avoir.
Le principal est là, et le duel à l’épée tient ses promesses. Et la mort de Mondego (inévitable) n’est pas suggérée mais bel et bien montrée, sous les yeux de la populace venue l’insulter.
Et puis Donat campe un Dantès très crédible, même (surtout ?) avec tous ses poils autour de la tête.
Bref, une bonne adaptation.
- Je me demandais où elle l’avait trouvée !
- Dantès ne peut plus se mettre avec Mercedes, après tout ce qui vient de se passer.