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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #James Cruze, #Muet, #Western

Avant La Piste des Géants, l'incontournable western de Raoul Walsh, il y a eu La Caravane vers l'Ouest.

Le titre français, s'il indique la grande tendance du scénario, est un tantinet réducteur, puisqu'il s'agit ici de deux caravanes, qui deviendront même trois...

Bref. Là encore, je préfère le titre original - the covered Wagon - qui ne fait que citer le mode de transports des pionniers américains du dix-neuvième siècle : le chariot recouvert d'une toile blanche, immortalisé - entre autres - par Morris et Goscinny.

Parce que ce film à l'instar de nombreux western est un pur produit américain. Il ne manque que Thanksgiving et la fête nationale.

Mais il s'agit aussi de poser les bases de ce que seront les westerns dans les années qui suivront : un genre à part entière, avec ses codes et ses lettres de noblesse.

Et James Cruze les pose, ces bases. On trouve :

  • Un héros au cœur noble ;
  • Une jeune fille pure (que le héros doit épouser à la fin) ;
  • Un vieux ronchon (au grand cœur lui aussi) pour épauler le héros ;
  • Des obstacles naturels (l'incontournable fleuve périlleux) ;
  • Une attaque d'Indiens ;
  • Et bien entendu, un méchant, fourbe à souhait.

Mais ce qui prévaut avant tout, c'est la recherche de réalisme. Chaque situation est vraisemblable et arriva à un moment où à un autre de chaque convoi. Chaque plan fut réellement tourné en extérieur (au Nevada), avec des figurants du crû, et quand la caravane se déplace, ce qui nous frappe, c'est la poussière qu'elle soulève.

Dans les films qui suivront, jamais il n'y aura autant de poussière ni de fumée. En effet, même quand les pionniers s'arrêtent bivouaquer, leur feu produit une fumée incroyable et peu habituelle pour les spectateurs de westerns que nous sommes. Ce n'est pas encore la vision romantique - et un peu édulcorée - des westerns de Ford, Hawks ou Walsh (etc.). Cruze reste très terre à terre dans son propos. Les pionniers n'arriveront pas tous à destination. Dès le début, nous le savons : on enterre quelqu'un, d'autres retournent « chez eux ».

Jesse Wingate (Charles Ogle) dirige une caravane qui se rend Oregon, secondé par Sam Woodhull (Alan Hale), à qui est promise Molly (Lois Wilson), la fille de Wingate.

Mais ça, c'était avant. Avant la jonction d'avec le « train de la liberté »qui arrive du Missouri, dirigé par le beau et noble Will Banion (J. Warren Kerrigan), épaulé par le bougon Bill Jackson (Ernest Torrence). Et comme Will est jeune et beau, que Woodhull l'est un peu moins, évidemment, ça va être la guerre entre ces deux-là.

Mais la caravane poursuit sa route. Nous sommes en 1848. Rapidement, un événement va transformer ce voyage : on a découvert de l'or en Californie. Alors un choix devra se faire : bâtir un état ou essayer de faire fortune.

Au-delà de l'intrigue, James Cruze tente de retracer un pan d'histoire de son pays. La Frontière, chère aux Américains à sans cesse été repoussée toujours vers l'Ouest, et nous assistons au convoi qui emmènera une partie des colons vers la limite la plus occidentale : le Pacifique (la Californie deviendra un état en 1850). Et ce qui aidera grandement cette expansion, c'est bien sûr la ruée vers l'or de 1849, qui est ici plus suggérée que montrée.

Autre référence historique : le passage de Brigham Young, en route vers Salt Lake City, empruntant le même chemin. Dernière référence : on mentionne un avocat du nom d'Abe Lincoln(!). Bref, non seulement James Cruze recherche une forme de réalisme, mais il place son film dans un contexte historique .

Pour le reste, nous assistons à une épopée grandiose. Le passage de la rivière Platte est un grand moment qui sera souvent repris dans d'autres réalisations. Et puis les personnages, s'ils ne sont pas encore mythiques, sont tout de même attachants voire pittoresques. Avec, en tête de liste Bill Jackson et son compère trappeur Jim Bridger (Tully Marshall). Ce sont des personnages qui en inspireront d'autres : Zeke dans The big Trail, tout d'abord, plus tard Stumpy dans Rio Bravo ou encore Nadine Groot dans Red River entre autres...

Pour plus de détails, je vous renvoie à Hollywood, les Pionniers de Kevin Brownlow, épisode 9.

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