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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Muet, #Comédie, #Clarence Badger, #Gloria Swanson
The danger Girl (Clarence Badger, 1916)

Deux amoureux - Bobby (Bobby Vernon) et sa fiancée (Myrtle Lind) se disputent .

Chacun part de son côté.

Paraît alors une autre femme (Helen Bray), collet monté. Bobby a besoin de se consoler, alors il l'aborde. Mais c'est la fiancée de Reggie « Honey Boy » (Reggie Morris). Ce dernier ne veut pas de cette nouvelle union.

Et Reggie a une sœur (Gloria Swanson). Cette dernière est un peu folle et va tout faire pour arranger tout ça...

 

Le scénario est certes très compliqué, embrouillé, confus (...), mais c'est normal : si Clarence Badger a signé ce film, derrière, il y a Mack Sennett à la production, d'où cet embrouillamini courant au studio Keystone.

Mais si ce film mérite notre attention, c'est avant tout pour celle qui donne son nom au titre : la fille dangereuse, Gloria Swanson.

Ce n'est pas encore l'immense star - elle n'a que 17 ans - mais déjà point son talent. Avant de jouer de grands rôles pour Cecil B. DeMille, elle a commencé dans le burlesque avec Mack Sennett : alors elle fait rire. Ici, elle est irrésistible en fille fofolle, mais c'est surtout quand elle s'habille en garçon qu'elle est formidable : les cheveux longs cachés sous un haut de forme, elle prend des attitudes masculines afin de contrôler les protagonistes des différentes histoires d'amour. La séquence au bar, avec de vrais hommes est très comique et va bien entendu à l'encontre des codes moraux de la société américaine de 1916 : une femme, habillée en homme qui va boire dans un bar, c'est inconcevable !

Pas pour Badger. Cette inversion des rôles est son meilleur atout comique. Il n'est pas question de faire du gros comique avec coups de pied au fondement et tartes à la crème. On a un comique plus subtile, qui n'empêche pas quelques coups de pied, ni certains de s'écrouler, pour la joie des spectateurs. Non. Le comique est ailleurs, dans l'ambigüité de cette androgyne qui, non seulement se fait passer pour un homme, mais en plus séduit une femme.

Cette dimension homosexuelle n'a pas dû faire autant rire que maintenant. Même si Hollywood était un milieu artistique et compréhensif, les ligues de vertu veillaient, et un tel comportement a dû faire couler beaucoup d'encre. Les homosexuels étant considéré comme des déviants, il fallait oser une telle expérience au cinéma : la performance de Gloria Swanson n'en est que plus exceptionnelle.

 

Et quand Cukor sortira Sylvia Scarlett presque vingt ans après, le scandale sera au rendez-vous : Katharine Hepburn habillée en jeune garçon ! Là encore, c'était impensable. L'Amérique n'était pas prête pour des rôles de femmes habillées en hommes. On ne mélangeait pas les genres. Alors que le contraire était plus accepté : Madame Charlot (Mack Sennett) ; Mam'zelle Charlot (Charles Chaplin)...

 

Il faudra attendre 1982 pour que ce genre d'histoire ait - enfin ! - du succès : ce sera Victor Victoria de Blake Edwards.

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