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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Fanstatique, #Drame, #David Cronenberg
The dead Zone (David Cronenberg, 1983)

Quand Stephen King, maître incontesté de l’épouvante, rencontre David Cronenberg, on peut s’attendre à une rencontre au sommet : c’est le cas.

 

Castle Rock, New Hampshire.

John Smith (Christopher Walken), professeur de littérature, est victime d’un accident de la route, dû à un routier somnolent. Quand il sort du coma, cinq ans se sont écoulés. Il n’a plus de boulot, et Sarah (Brooke Adams), sa fiancée, a refait sa vie : elle est mariée et a un enfant.

S’il a (presque) tout perdu, il a quand même gagné quelque chose : en touchant quelqu’un, il peut voir en cette personne. Son passé – le docteur Weizak (Herbert Lom) – son présent – l’infirmière – et son futur – Chris (Simon Craig). Mais si le passé et le présent ne sont plus contrôlables, le futur, quant à lui, l’est : c’est ça, la « dead zone »  du titre.

 

Le rencontre annoncée était donc inévitable. Et malgré une mésentente sur le scénario – celui de King, qui a travaillé dessus à un moment, était trop violent – le résultat est plus que probant. Il faut dire que les univers de ces deux maîtres sont très compatibles. Et le résultat est là. Il faut dire que la présence de Christopher Walken est l’un des atouts du film : son sourire, qu’on avait véritablement découvert dans Voyage au bout de l’Enfer, est tour à tour une défense comme un début d’attaque.

Et là encore, un bon premier rôle n’est rien s’il n’y a personne pour le soutenir : tous d’Herbert Lom à Martin Sheen (Stillson, le politicien aux méthodes syndicales éprouvées) sont à la hauteur de l’événement. Avec en prime quelques rôles plus effacés – Sonny (Géza Kovacs), pour ne citer que lui – indispensables à l’intrigue.

Bref, Cronenberg a à sa disposition des interprètes de (haute) qualité qui lui permettent de « dérouler ».

 

Le titre français est très trompeur, parce que si les prémonitions de John, pour la plupart, sont des situations en rapport avec la mort, cette dead zone se traduirait plutôt par angle mort, comme celui des voitures auquel vous devez faire attention quand vous déboîtez ! D’ailleurs, John utilise aussi l’expression « blind spot » (= endroit aveugle) qui s’y applique tout autant.

Et ce terme (original) est très bien choisi parce que, à l’instar de cet angle mort, John n’a aucun contrôle dessus. Mais ici, il prend de plus en plus de place, comme prévu par Weizak, avec les effets néfastes que je vous laisse découvrir si ce n’est pas encore le cas.

Et le choix de l’adjectif dead (mort) n’est pas non plus anodin en ce qui concerne l’intrigue, puisque la mort est toujours au rendez-vous, plus ou moins manqué.

 

Et on sent que Cronenberg a pris du plaisir à réaliser ce film. On y retrouve la dimension un tantinet fantastique inhérente à nombre de ses films, qui se marie parfaitement avec l’univers de King. Certes, le personnage principal n’est pas écrivain mais il enseigne tout de même la littérature. D’ailleurs, l’utilisation récurrente du Corbeau de Poe est là encore très pertinente.

N’ayant pas lu la nouvelle originale, je ne m’étendrai pas sur son adaptation, mais je ferai tout de même un rapprochement avec un roman postérieur du même King : 22/11/63.

A nouveau, il est question d’abattre un homme politique, mais pas n’importe qui : celui qui fut tué à cette même date à Dallas, JFK.

Ici, Stillson n’a pas la même envergure puisqu’il n’est que candidat au sénat, mais Smith va tout de même tenter d’influencer son futur, qui s’annonce franchement noir !

Je ne vous dirai pas s’il y arrive ou non, même si vous pouvez en avoir une idée aisément. Et Martin Sheen est le méchant idéal dans ce genre d’histoire : sa façon de traiter avec la presse est un exemple magnifique de sa méthode d’arriver au pouvoir (« démocratiquement »), rappelant certaines pressions syndicales comme on en trouve chez Kazan, par exemple.

Et cet aspect social est accentué par le port systématique du casque (à son effigie) et sa tenue de chantier lors de ses sorties publiques.

Et l’analogie entre les deux histoires ne s’arrête pas là. Par contre, moi si, autrement je vais vous révéler toute l’intrigue…

 

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