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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Guerre, #Michael Cimino, #Robert de Niro
Voyage au Bout de l'enfer (The deer Hunter - Michael Cimino, 1978)

Clairton, Pennsylvanie. 1968.

Une bande de copains, ouvriers dans la sidérurgie – que foire d’autre à Clairton ? – qui passe ses week-ends à boire et chasser.

Steven (John Savage) se marie. Mais surtout, il part au Viêt-Nam avec son frère Nick (Christopher Walken) et leur ami Mike (Robert de Niro).

Le temps d’une dernière partie de chasse et les voilà en enfer.

 

Le titre original – encore une fois traduit avec un souci de racolage – c’est le « Chasseur de cerf ». Et ce chasseur, c’est Mike. La chasse, c’est pour lui plus qu’un passe temps, c’est une philosophie. Philosophie à laquelle n’adhère aucun de ses acolytes, Stan (John Cazale) en tête.

Il est dommage que, pour des raisons mercantiles, on n’ait pas gardé cette idée de chasse.

En effet, la scène emblématique du film, c’est celle de la seconde partie de chasse (après le retour de guerre), quand Mike traque un magnifique cerf. Il le suit, le trouve et le met en joue. Ensuite, évidemment, il tire en l’air.

La guerre a laissé des traces : visibles pour Steven, enfouies pour Mike.

Mais l’enfer dont se targue le titre français, c’est l’emprisonnement des GI dans une geôle singulière au bord de rivière : les pieds et une partie du corps dans l’eau, ils servent de distraction à leurs geôliers en « jouant » à la roulette russe.


Quand le film sort, c’est seulement cinq ans après les accords de paix de janvier 1973. Le conflit est encore très présent pour le monde et cette présentation n’est pas du goût de tous : on y présente les Vietnamiens sous un angle peu flatteur, sans évoquer l’action de l’armée américaine dans ce conflit. Mais tous ces détracteurs oubliaient avant tout une chose – comme le dit si bien mon ami le professeur Allen John – c’est du cinéma. Et peu importe que la vision soit déformée, il reste un film qui vaut ce qu’il est : la peinture d’une communauté qui a payé son tribut à une guerre qui, finalement, ne la concernait pas. Et si Mike revient (presque) entier, c’est Steven qui porte tout le poids de la tragédie de cette guerre, qui n’a pas encore été considéré comme un traumatisme profond dont devront se remettre les vétérans et la société.

Mais la brèche est ouverte.

 

Un an avant la présentation d’Apocalypse Now à Cannes, Michael Cimino proposait déjà un film sur le Viêt-Nam. Curieusement, c’est le film de Coppola qui a fait plus de battage. Pourtant, le film de Cimino est au moins aussi impressionnant, sinon plus. Pour la première fois, on parle de ceux qui reviennent, à peu près entiers (tout du moins physiquement). D’un côté Mike, entier mais traumatisé, de l’autre Steven traumatisé et infirme. Tragique.

Et Nick qui est resté. Nick qui combat ses démons jusqu’au bout, devenant joueur de roulette professionnel.

 

Mais c’est une bande de copains. Et Mike, qui est revenu n’oublie pas sa promesse – illusoire - et retourne chercher Nick.

Et cette nouvelle traque – Nick est difficile à retrouver dans une ville qui est évacuée (Saigon va tomber) – rappelle celle du cerf. Mike va retrouver Nick. Mais là encore, après l’avoir retrouvé et presque récupéré, il rentrera bredouille.

Cela donnera lieu à une des séquences les plus émouvantes du cinéma de Cimino : God bless America, chantée par des fils d’immigrés russes.

Parce que la tradition est très prégnante dans ce milieu. C’est aussi une communauté orthodoxe que nous décrit l’intrigue, avec ses coutumes séculaires, mais tout de même fortement ancrée dans cette Amérique en guerre. Et le mariage de Steven, c’est aussi l’occasion de célébrer les enfants de cette communauté qui servent leur pays avec fierté.

Et de ce point de vue, ce chant final est tout sauf anodin.

 

Et puis c’est aussi l’occasion d’apprécier John Cazale dans son dernier rôle (il est mort avant la fin du tournage) : toutes ses scènes ont été tournées en priorité et on peut se dire que Meryl Streep (Linda), qui était sa compagne, n’avait pas besoin d’aller chercher bien loin un motif de tristesse.

Et ce chant final, en mémoire de Nick, peut facilement devenir un hommage à Cazale, qui fut placé en second, juste derrière de Niro, au générique final.

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