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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Robert Aldrich
Les 12 Salopards (The dirty Dozen - Robert Aldrich, 1967)

 

Robert Aldrich est un cinéaste efficace. Normal, il est aussi producteur.

La première scène donne le ton : un jeune homme, meurtrier par accident est pendu. Le film sera dur, pour les protagonistes comme pourf les spectateurs.

 

Aldrich a réuni une belle brochette d’acteurs (1) pour un film de guerre (la deuxième, mondiale comme la première) dans un contexte très particulier.
En effet, les douze personnes que désigne le titre sont tous des rebuts de l’armée américaine : voleurs, violeurs, meurtriers…

Ces charmantes personnes sont encadrées par un major Reisman (Lee Marvin) pour qui l’autorité militaire a toujours été un problème et surtout un frein à sa carrière.

Le choix de Lee Marvin (judicieux, bien sûr) permet à l’acteur de sortir des rôles de méchants (2)  pour devenir un personnage positif, avec juste ce qu’il faut de rébellion pour le rendre très sympathique.

En face de lui, on retrouve quelques grands noms - Charles Bronson, John Cassavetes – ainsi que chez les « huiles » : Ernest Borgnine (Général Worden), George Kennedy, Robert Webber (Denton, toujours ni franchement sympathique ni carrément antipathique), et Ralph Meeker, psy de l’armée, un rôle obligatoirement décalé, on sait comment sont les militaires.

 

Une longue première matie nous expose les différentes expériences qu’endurent ces soldats de la dernière chance, dernière chance avant de mourir en héros, à défaut d’autre chose. Chacun de ces hommes a, à un moment, franchi la ligne jaune : volontairement comme Franko (John Cassavetes), ou en situation de légitime défense comme Jefferson (Jim Brown), voire rien du tout comme Jimenez (Trini Lopez)

[Trini Lopez est le créateur de la chanson inoubliable If I had a Hammer, reprise avec l’inspiration qu’on connaît].

 

Mais si les salopards sont des êtres répugnants – physiquement et moralement – ce sont avant tout des hommes. La présence de Reisman, leur maître à tous, implique une dimension christique au film. Mais si Jésus meurt seul sur la croix, ici ce sont ici disciples qui vont (presque) tous mourir pour leur mentor (3).
Cette dimension évangélique est accentuée une fois leur valeur reconnue, quand Reisman leur offre un dernier repas, la veille de leur intervention funeste le 4 juin 1944.
On y trouve même le traître de la Cène : en l’occurrence Maggott (Telly Savalas), un fanatique religieux mâtiné d’un obsédé sexuel – impuissant comme de bien entendu, même si ce n’est pas dit dans le film.

Telly Savalas est un Maggott magnifique : roué, obsédé, fanatique et Sudiste, ce qui explique son objection de vivre aux côté d’un Noir, Jefferson.

 

Mais au-delà de l’aspect militaire, on voit évoluer la lie de l’humanité (résumé assez fidèle de tous ces hommes) vers une unité de groupe voire de corps.

Le test qui les voit mettre en pratique leur apprentissage est un moment assez réjouissant du film : devant un général Worden tout sauf dupe, ils réussissent à montrer aux hauts gradés leur valeur.

Worden est d’ailleurs le seul très haut gradé qui se révèle avant tout humain, annihilant les imprécations de Denton, décidément fort peu sympathique.

 

Au final, c’est un film très efficace qui nous est proposé, avec une distribution plutôt prestigieuse parmi laquelle on peut aussi reconnaître Donald Sutherland (Pinkley, n°2), ou encore Robert Ryan dans un de ses derniers rôles en colonel tatillon jusqu’à l’extrême, pour lequel, chose évidente, le major Reisman n’a pas beaucoup de considération. Et de toute façon, c’est réciproque (4).

C’est un film qui se laisse regarder sans modération, un peu comme les 7 Mercenaires : une fois que vous y avez goûté, vous ne pouvez pas vous en dégager avant la fin…

 

  1. Sans le pic, nous ne sommes pas chez Daniel Goossens
  2. The big Heat (Fritz Lang, 1953), The wild One (László Benedek, 1953), The Man who shot  Liberty Valance (John Ford, 1962) 
  3. Je vous laisse compter les soldats qui sont tués, c’est une activité plaisante quand on regarde le film pour une énième fois.
  4. Ryan a déjà tourné avec Marvin un an plus tôt pour Les Professionnels ; il retrouvera Ernest Borgnine deux ans plus tard dans La Horde sauvage.

 

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