Le temps a passé. Vingt ans depuis les événements de Cuba narrés dans le deuxième film (1974).
Michael (Al Pacino) a vieilli, ses enfants ont grandi, mais les affaires restent toujours les mêmes.
Tom Hagen (Robert Duvall) est mort, et Kay (Diane Keaton) est partie.
C’est lors d’une cérémonie religieuse en l’honneur de Michael qu’apparaît Vincent (Andy Garcia), le fils – illégitime – de Santino (James Caan).
Avec lui arrivent de nouveaux ennuis et la volonté de Michael de réformer ses affaires est encore une fois interrompue.
Avec ce film, Francis Ford Coppola et son complice Mario Puzo, mettent un terme aux activités de Michael Corleone, sans pour autant en mettre un à cette famille.
Avec ce film, c’est d’une certaine façon un retour aux sources qui est entrepris par les deux comparses autant que par Michael.
Et d’une façon générale, on retrouve une structure similaire à celle du premier opus (1972).
Mais tout le monde a vieilli, en particulier Michael et un ancien ami de son père, Don Altobello (Eli Wallach). Altobello c’est donc le lien avec le passé, mais avec l’arrivée de Vincent, c’est l’avenir qui se joue : saura-t-il succéder à son oncle et faire mieux que son père ? La réponse est bine sûr donnée à la fin.
Mais avant d’y arriver, nous allons replonger dans les affaires siciliennes que Coppola et Puzo avaient laissées de côté pour un épisode cubain – avec tout de même une partie de l’ascension de Vito Corleone (Robert de Niro).
On retrouve d’ailleurs Little Italy et ses processions dans ce film, avec la même destinée : la mort au bout. C’était Fanucci (Gastone Moschin) dans l’épisode précédent, vous irez voir qui meurt par vous-même…
Et encore une fois la famille Corleone influe sur la situation internationale. Après avoir soutenu Batista, Michael s’introduit dans les affaires du Vatican. Et pour cela, Puzo et Coppola avaient un événement mondial qui se prêtait à toutes les suppositions : la mort de Jean-Paul 1er (Raf Vallone), après quelques semaines de pontificat. Puisque tout est possible au cinéma, pourquoi ne pas intégrer sa mort dans un immense scandale financier.
Mais bien sûr, J-P I n’est pas le seul à tomber et Coppola nous rappelle – comme s’il en avait besoin – qu’il est l’un des maîtres du montage parallèle.
Comme dans la première partie, le final – l’opéra ou chante Tony Corleone (Franc D’Ambrosio) – est prétexte à une grande lessive dans laquelle les ennemis de la famille sont éliminés les uns après les autres.
Ce n’est d’ailleurs pas le seul montage parallèle du film : pendant la cérémonie, l’assemblée ecclésiastique récite un Ave Maria : Michael revoit Fredo (John Cazale) en faire de même alors qu’il participe à sa dernière partie de pêche. Les deux séquences fonctionnent comme si Fredo donnait la traduction de ce qu’on entend. Cette partie de pêche funèbre est d’ailleurs l’un des éléments déterminants de la vie de Michael et de ses relations avec le futur pape temporaire.
Je parlais de retour aux sources pour ce film et le retour en Sicile y est pour beaucoup. En effet, le film est composé de deux parties bien distinctes : l’une à New York et l’autre dans l’île. Michael (et les autres) vont d’ailleurs en Sicile une fois les affaires américaines réglées – définitivement encore une fois.
Le retour en Sicile, c’est aussi les souvenirs qui remontent et submergent presque Michael : son premier mariage avec la belle Appolonia (Simonetta Stefanelli), et le souvenir de sa mort qu’elle a trouvée parce qu’elle avait pris la place de Michael en voiture.
Le retour en Sicile est aussi l’occasion de retrouver don Tomassino (Vittorio Duse), autre personnage important pour les Corleone.
Et puis surtout, la Sicile est pour Michael un lieu de malheur où à chaque fois une femme qu’il aime – et qui l’aime – meurt pour lui. Là encore, il é »tait la cible du tueur, mais le destin en veut autrement.
Pas étonnant alors que Michael meurt seul, au soleil, vieux et usé par cette vie atypique.
Mais Le Parrain III, c’est aussi une entreprise familiale qui va au-delà de l’intrigue : non seulement Coppola y a fait jouer sa fille Sofia, mais en plus on trouve le nom « Coppola » à différents moments du générique de fin, sans oublier Talia Shire (Connie Corleone) et Nicolas Cage (producteur) – nièce et neveu de Francis – et surtout la musique signée par Carmine Coppola, son propre père.
Il est bien dommage que Mario Puzo soit mort si tôt (1999, il allait tout de même sur 79 ans) : ils avaient en projet une quatrième partie mettant en scène l’ascension de Vito dans Little Italy, avant que ne commence le premier film.