Quatre hommes attendent le train.
Ce sont des bandits. Ils ont menacé, assommé et ligoté le chef de gare.
Ensuite, ils se sont placés sous le réservoir.
Là, ils ont embarqué. Ils ont alors dérobé le contenu du coffre ainsi que les voyageurs.
Mais les rangers veillent et partent à leur poursuite.
Il s'agit là du premier western américain. On y trouve déjà les ingrédients qui feront la gloire du genre, grâce entre autres à John Ford ou Sergio Leone.
John Ford ? Parce que déjà, on y danse. Les rangers, insouciants des événements tragiques font la fête dans les environs de la gare. Et on n'hésite pas non plus à sortir le pistolet et tirer pour faire danser un pied-tendre de passage. Mais quand le devoir appelle, ils sont tout de suite prêts.
Sergio Leone ? Les bandits, comme ceux de Il était une fois dans l'Ouest attendent un train et se placent aux deux mêmes endroits : le bureau du chef de gare et le réservoir d'eau.
Mais ce qui est frappant (dans tous les sens du terme), c'est l'utilisation de la violence. C'est un véritable festival, en seulement douze minutes !
Les bandits, frappent, menacent et tuent si nécessaire ceux qui se trouvent en travers de leur chemin : le gardien du coffre et un passager font les frais de ces truands qui ont la gâchette facile. Le mécanicien aussi est tué : assommé par un brigand, il est achevé à coup d'objet contondant puis balancé hors du train. Ils font même sauter à la dynamite le coffre trop résistant pour eux.
Les rangers ne sont pas de reste. En effet, ils poursuivent ces méchants bandits et leur réservent un sort peu enviables : un par un ils sont abattus, sans autre forme de procès. Peu importe la sanction, ils ont été punis, la morale est sauve : le crime ne paie pas !
Nous sommes donc bien dans un western, qui s'il n'est pas fondateur - quoi que - offre aux spectateurs de 1903 une grande portion de sensations : cette attaque est très réaliste, tout comme la réaction des hommes de loi.
Mais ce qui fait (toujours) la notoriété de ce film, c'est le plan rapproché de Justus D. Barnes : un vrai cowboy, avec chapeau au bord rabattu et moustache bien fournie, vide son chargeur (six coups) en direction du public qu'il fixe sévèrement.
Ce plan aussi rapproché tranche complètement avec le reste du film constitué de plans d'ensemble. Cela donne une impression terrible juste à la fin du film.
C'est ce qu'on pourrait appeler un coup de publicité : les spectateurs ne pouvaient qu'en parler en sortant, encourageant ainsi d'autres personnes à venir voir un film aussi effroyable.