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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Muet, #Wallace Worsley, #Lon Chaney
Notre-Dame de Paris (The Hunchback of Notre-Dame - Wallace Worsley, 1923)

Il est bossu, à moitié aveugle, sourd… Et il est amoureux. C’est Quasimodo* (Lon Chaney), le sonneur de Notre-Dame.

Elle est belle, elle est égyptienne, elle a une chèvre… Et elle est amoureuse. C’est Esmeralda (la belle Patsy Ruth Miller).
Amoureuse de Phœbus (Norman Kerry, toujours bellâtre mais au jeu limité), capitaine de la Garde.

Les personnages de Victor Hugo sont tous là : de Quasimodo à Pierre Gringoire (Raymond Hatton), de Clopin Trouillefou (Ernest Torrence) à Claude Frollo (Nigel de Brulier), en passant par Louis XI (Tully Marshall) à Jehan Frollo (Brandon Hurst), frère de l’autre. Oui, surtout Jehan.

Nous sommes à Hollywood, et les scénaristes ont pris quelques libertés avec l’intrigue initiale du grand Totor.
On a gommé les passages scandaleux :

  • L’archidiacre n’est plus amoureux de la Bohémienne (Un homme d’Eglise, rendez-vous compte !) ;
  • Phœbus n’est plus ce soudard lubrique qui ne veut Esmeralda que pour un soir !

Non. Claude Frollo est un bon archidiacre, rempli de miséricorde et de bienveillance (encore une fois, Nigel de Brulier est impeccable). Et Phœbus un cœur noble, qui tombe éperdument amoureux de la belle Esméralda.

Par contre, Jehan, qui n’était qu’un personnage secondaire plutôt effacé dans le livre, devient ici l’infâme Frollo, celui que Quasimodo précipitera du haut de Notre-Dame.

La morale est donc sauve, et on a quand même un Frollo qui expie pour ses crimes.

 

Mais surtout, on a une prestation de Lon Chaney inoubliable. Il est un Quasimodo quasiment méconnaissable. Seul le regard habitué à l’acteur le reconnaît tout de suite : les pommettes très saillantes, les dents qui se déchaussent et à moitié pourries, une pilosité envahissante, une bosse superlative et une démarche claudicante. Il ne joue pas Quasimodo, il EST Quasimodo. On en arrive à avoir pitié de lui et à être de son côté quand il est arrêté et châtié. Mais sa disgrâce n’a d’égale que sa cruauté pendant l’assaut des truands contre Notre-Dame.

C’est une bataille épique, que cette tentative de prise de Notre-Dame. Galvanisé par un Ernest Torrence à son aise, on assiste à un affrontement homérique ! Et le tout dans une cathédrale plus vraie que nature !

 

Mais quand Quasimodo meurt, on retrouve l’émotion du début et le final en devient magnifique. Tout se termine bien – là encore, on fait fi de la véritable intrigue, mais bon. Toujours est-il que Lon Chaney, malgré la laideur et la difformité arrive à nous faire aimer Quasimodo, autant que Hugo lui-même, chacun à sa façon.

Alors au diable les errements de l’adaptation (et comme le dit mon ami le professeur Allen John) : on est au cinéma !

Et c’est du spectacle : un casting bien choisi (surtout par Lon Chaney) qui nous permet de retrouver Tully Marshall dans un rôle de faux gentil Louis XI, que c’en est presque du sur mesure ; un budget pharaonique qui nous permet d’assister à une scène de bataille avec deux cents figurants (dont certains de véritables truands de Los Angeles, ainsi que des prostituées…).

 

Un film colossal, dont il manque, hélas, encore une dizaine de minutes…

 

 

* « En effet, Quasimodo, borgne, bossu, cagneux, n’était qu’un à peu près. » (Victor Hugo)

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