Ruth (Viola Dana – Mme Collins) est une (très) jeune femme un tantinet naïve dont le père (Brad Sutton) vient de mourir, ruiné par les manœuvres crapuleuses de l’infâme Reynolds (Augustus Philips). Elle est recueillie par le riche (oisif) Jimmy Carter (Edward Earle), ami de son père et victime lui aussi – dans une moindre mesure – des agissements de Reynolds.
Si Ruth est une jeune femme innocente, elle n’en demeure pas moins très charmante et sa grâce va de pair avec sa beauté.
Une telle proie ne peut qu’attiser la convoitise du toujours infâme Reynolds…
Il ne reste malheureusement plus beaucoup de films de John H. Collins. Malheureusement parce qu’on peut voir dans ses différentes réalisations une maîtrise extraordinaire de ce medium qu’on n’appelait pas encore « septième art ». Certes Ce film-ci n’atteint pas la grande qualité de Blue Jeans – son chef-d’œuvre, d’après ce que j’ai pu voir de lui – mais on y retrouve cette maîtrise technique soutenue par le travail derrière la caméra de John Arnold (1).
Bien entendu, Viola Dana y est encore une fois magnifique : capable elle aussi de faire plus jeune que son âge, elle exprime une espièglerie réjouissante, filmée avec amour par son mari.
Et c’est elle qui porte le film de bout en bout, réussissant, malgré cette innocence annoncée, à dérider Carter qui ne voit en elle, au début que la fille de son ami, et certainement pas une femme, et encore moins avec des sentiments. Ses agissements pour attirer l’attention de ce jeune homme sont dans la lignée de cette innocence et on ne peut que sourire à ses différentes tentatives pour attirer son attention. Mais quand elle se met à danser, l’innocence laisse la place à la grâce et tout comme le spectateur, Carter est conquis.
Il faut dire que le regard de Viola Dana est absolument magnifique, avec ses yeux trop clairs pour ne pas être bleus !
Et Collins film de près ce regard fabuleux, ajoutant encore à cette innocence.
On comprend alors pourquoi l’intrigue semi policière est laissé »e au second plan : on en voit que la belle Viola, et si Reynolds est un méchant assez réussi, son sort est tout de même réglé assez rapidement, et surtout violemment. On notera sa rouerie et un certain physique de l’emploi. Par contre, Edward Earle est un jeune premier un tantinet lisse, dont on aurait pu attendre un peu plus au vu de la séquence d’ouverture : à peine levé, il prend un cordial et allume une cigarette !
Même sa participation dans la chute de Reynolds manque de panache
Mais qu’importe : nous avons Viola Dana, et ça c’est inappréciable !
- Arnold n’est pas crédité au générique mais au vu de la période et de la technique, on imagine très bien qu’il s’agissait de lui.