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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Muet, #John Ford, #Western
Le Cheval de fer (The iron Horse - John Ford, 1924)

Davy Brandon (George O'Brien) voit son père se faire tuer par un faux Indien à deux doigts. Désormais, une seule chose comptera pour Davy : venger son père.

Mais une autre chose se met à compter pour lui : Miriam (Madge Bellamy), son amie d'enfance.
La troisième chose, c'est ce qui donne le titre du film : le chemin de fer.

Nous assistons alors à la construction de la voie transcontinentale américaine, voulue par Lincoln, achevée sous Grant.

 

Mais surtout, un an après La Caravane vers l'Ouest (James Cruz, 1923), nous assistons à la mise en place du western fordien. Tous les ingrédients sont là. Il ne manque que Monument Valley, mais au vu des contraintes historiques, il n'était pas possible d'aller y tourner.

Parce que nous sommes dans l'Histoire américaine. On trouve des vrais cowboys qui convoient un troupeau vers l'Ouest, et John Ford utilise plusieurs éléments historiques pour étayer son propos :

- Abraham Lincoln, tout d'abord. L'origine du projet. Lincoln était l'une des références de Ford, qui le fera intervenir dans d'autres films  : Je n'ai pas tué Lincoln (1936), et bien entendu Vers sa Destinée (1939).

- William Cody, tueur de bisons, plus connu sous le nom de Buffalo Bill ;

- Wild Bill Hicock, célèbre gâchette de l'Ouest, et même compagnon de Calamity Jane ;

- Les locomotives de la séquence finale qui sont les véritables engins qui firent la jonction le 10 mai 1869.

- les travailleurs du chemin de fer sont tous issus de l'immigration  : on trouve des Irlandais, des Espagnols (ou Mexicains) et surtout des Chinois qui travaillaient sur la partie occidentale du chantier.  Chacun est fier de son origine, mais en fin de compte, tous se réunissent autour de ,cette belle réalisation, se déclarant avant tout des Américains.

 

John Ford met en place petit à petit un microcosme qu'on retrouvera dans ses westerns ultérieurs (ainsi que dans ses autres films). Le héros est beau, fort et généreux. Il est aidé d'un vieux ronchon (J. Farrell McDonald, formidable), lui même entouré d'autres personnages de son acabit. On trouve ainsi un trio de militaires (Casey, Slattery & Shultz) qui annoncent les Trois sublimes Canailles.

Sa promise est une femme fordienne : elle est déterminée et possède une force qui amène même les récalcitrants à retourner travailler dans un moment de découragement. Elle est aussi intransigeante envers le héros qui n'a pas respecté sa parole, allant jusqu'à lui battre froid, quitte à en être malheureuse (mais rassurez-vous, ils s'embrassent à la fin !).

Les autres femmes ne sont pas en reste, puisqu'elles décident (avant les hommes) d'aller se battre contre les Indiens, Ruby (Gladys Hulette) en tête.

En face, nous trouvons deux méchants, chacun dans son genre :

- un renégat à deux doigts, fourbe à souhait (Fred Kohler, qui avait vraiment perdu les autres dans un accident de dynamite) ;

- un ingénieur traître (Cyril Chadwick) qui essaie même de tuer notre héros (quel inconscient, le héros ne meurt pas comme ça !), et qui échange moult regards en coin avec l'autre affreux sus-nommé.

Et puis il y a tous les autres qui constituent une ville champignon, se déplaçant avec le train, et s'arrêtant là où le QG s'installe.

- Les courtisanes du saloon ;

- Les joueurs de cartes dont l'un - fine moustache et cigare aux lèvres - servira de modèle à Hatfield (John Carradine) dans La Chevauchée fantastique (1939)

- le juge qui est aussi propriétaire du saloon, personnification de Roy Bean (autre juge ayant réellement existé), qui, comme son modèle, arrange la justice à sa façon, et surtout pour avoir le moins de problème possible.

Les Indiens ont aussi leur rôle à jouer, même s'il n'est pas très glorieux. Seuls les Pawnees sont du bon côté. Les autres sont associés au criminel et aux attaques intempestives. Nous ne sommes pas encore dans les années 1950, quand la tendance commencera à s'inverser. Ici, un bon Indien, est surtout un Indien mort.

Et puis il y a la bagarre (il en a même deux, mais c'est la première la plus impressionnante. Ce n'est pas encore L'Homme tranquille (1952), ou La Taverne de l'Irlandais (1963), mais les ingrédients sont là, et tout le monde en profite (les vieux ronchons encourageant le héros, bien entendu).

 

[N'oublions pas aussi la grande prouesse technique du film : le train, puis les chevaux qui passent par-dessus la caméra, ajoutant encore un élément dans le côté grandiose du film]

 

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