Les trois Mousquetaires : le retour !
Douglas Fairbanks est toujours là (d'Artagnan), tout comme Marguerite de la Motte (Constance Bonacieux), Charles Stevens (Planchet) et l'incontournable Nigel de Brulier (Richelieu) ainsi que son éminence grise Lon Poff (Père Joseph). Allan Dwan a remplacé Fred Niblo, mais le ton reste le même, avec toutefois un fait important : tous ces gens ont vieilli. Et certains vont même mourir...
Tout commence en 1638, à Saint-Germain (en Laye) où on attend une naissance : celle de monsieur XIV, qui ne naîtra pas au château comme le dit le film, mais au pavillon Henri IV, à un jet de pierre.
Dans une première partie, on rattrape le temps perdu : souvenez-vous, nous avions laissé d'Artagnan et ses amis après avoir sauvé la reine. Ici, en quelques minutes, on termine le premier volume (les trois Mousquetaires), on fait l'impasse sur le second (Vingt ans après) et on conserve l'intrigue du troisième opus (Le Vicomte de Bragelonne) concernant le masque de fer.
D'ailleurs, il vaut mieux mettre de côté ce que nous connaissons de l'épopée d'Alexandre Dumas et considérer le film comme une adaptation « inspirée de »...
Alors une fois Milady, Constance et Richelieu trépassés, on entre dans l'intrigue à proprement parler, avec un félon inattendu : Rochefort. Il possède la cicatrice faciale caractéristique, mais n'a plus rien à voir avec celui du film précédent : cette fois-ci, c'est un magnifique traître mâtiné d'un comploteur sans scrupule. Une réussite ! Le seul problème, c'est que d'Artagnan l'avait tué dans le film précédent. [Rappel : chez Dumas, jamais d'Artagnan ne tue Rochefort !]
On garde l'option jumeau du roi et on obtient un film de cape et d'épée de bonne facture - le combat dans le Château est haletant - où Douglas Fairbanks - c'est son dernier muet - peut s'en donner à cœur joie : il bondit, il brette, il a son sourire éclatant. Bref, Douglas Fairbanks est toujours là. Même si l'action se situe plus de trente-cinq ans après le premier film. Les héros sont fatigués, mais pas tant que ça : seules leurs chevelures trahit le passage des années. Pour le reste, rien n'a changé.
Pourtant, une grande nostalgie envahit l'écran - et l'esprit des spectateurs - quand d'Artagnan repense aux temps d'avant : heureux ou non.
Mais le temps a fait son œuvre et ces quatre compagnons n'ont plus leur place dans ce monde : alors que Richelieu était un adversaire à leur mesure, force est de constater que ce temps est révolu et qu'ils n'ont plus rien à faire dans ce monde. Alors ils s'en vont. Un par un. Ils tombent l'un après l'autre, « au champ d'honneur », comme ils disent.
Mais cette disparition n'est que leurre pour leurs ennemis, et comme le dit l'esprit de Porthos : d'autres aventures les attendent.
Et Ce final est - à mon avis - le plus bel hommage qu'on puisse faire à ces quatre légendes de la littérature et du cinéma : morts ils sont, certes, mais immortels ils demeureront.
Alors on les laisse partir, vers d'autres aventures...