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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Muet, #Comédie dramatique, #Charles Chaplin
The Kid (Charles Chaplin, 1921)

 

« Un film avec un sourire, et peut-être une larme. »

Tel est l’intertitre archi-connu qui caractérise le mieux ce chef-d’œuvre (presque) atemporel (1). Et cent ans après (le film est sorti un 16 janvier 1921), l’émotion est intacte. Ce Kid est toujours aussi magnifique qu’à la première vision, en 1978 pour ma part.

« Six bobines de joie » (« Six reels of joy ») prévenait l’affiche à la sortie, ce qui faisait un peu plus d’une heure. Mais la version officielle est maintenant d’une durée de 52 minutes, depuis que Chaplin a remonté le film et écrit une nouvelle partition musicale, réduisant l’intrigue autour des deux personnages principaux – le clochard (Charles Chaplin) et le gamin (Jackie Coogan). Je préfère l’appeler ici le clochard parce qu’il n’est pas du tout vagabond dans plus des trois quarts du film : il vit dans une pièce mansardée.  

 

Donc, notre ami à petite moustache, chapeau melon et canne en bambou trouve un bébé sur le trottoir. Contre son gré, il est obligé de le garder et va s’occuper de l’éduquer, au moins pendant les cinq premières années de sa vie. De son côté, sa mère (Edna Purviance), après l’avoir abandonné a des remords mais l’enfant a disparu et a vie continue. Quant au père, il ne reste de lui dans la version der 1971 qu’une séquence qui le voit détruire malencontreusement (un acte manqué réussi ?) la photo de celle qu’il a aimée.

L’enfant a donc grandi et donne un coup de main à son père vitrier : il casse les carreaux avant son passage.

 

Découvert sur scène par Chaplin et déjà présent dans A day’s Pleasure (1919) avec les mêmes acteurs, Jackie Coogan (ici seulement Jack) crève l’écran dans ce film, premier des trois dans lesquels il va jouer cette année-là, dont My Boy d’Albert Austin qui interprète ici l’un des deux voleurs de la voiture qui emmène le gosse (2) loin de sa mère. Et des trois, c’est bien ce film le plus réussi, le plus beau et surtout qui donne ses lettres de noblesse au jeune acteur. Rarement, Chaplin sera autant à l’unisson avec un partenaire. Même ses collaborateurs habituels – Edna Purviance, Henry Bergman (l’impresario et le gardien de l’asile de nuit) pour ne citer qu’eux – n’arriveront pas l’osmose formidable qui transparaît tout au long du film (3). Certes, l’aspect autobiographique du personnage (la vie de ce gamin n’est pas sans rappeler celle de Chaplin au même âge) amène cet accord parfait entre les deux acteurs. Mais ce n’est pas seulement ça. Il y a dans le jeu du jeune Coogan une imitation superbe de son aîné, sans pour autant tomber dans un quelconque excès qui en aurait fait un sous-Chaplin. On retrouve dans ce gamin les différents éléments qui constituent celui qu’on appelle habituellement « Le Vagabond » : des attitudes, une peur presque congénitale de la police et surtout une complicité qui en plus ne s’arrêtait pas une fois la caméra éteinte : il suffit de voir les images qui accompagnent la période, dans le documentaire de Kevin Brownlow (4) par exemple, pour s’en rendre compte.

 

Bien sûr The Kid est un mélodrame et la larme envisagée en ouverture a coulé plus d’une fois tant cette histoire est poignante et les deux interprètes principaux extraordinairement convaincants, mais à aucun moment on est dans la lourdeur habituelle et pathétique d’autres « mélos » de l’époque (je vous laisse mettre les titres). Le jeu reste toujours dans les bonnes limites et on ne tombe à aucun moment dans un quelconque excès. Il faut dire que tout cet aspect tragique est merveilleusement contrebalancé par une comédie  tout en subtilité, surtout quand il s’agit des deux personnages principaux.

La séquence qui les voit arranger leur combine autour des vitres brisées est irrésistible, tout comme les différents moments de leur quotidien. Mais c’est aussi au-delà de tout ça que le film reste magnifique.

En particulier la première rencontre entre la mère et l’enfant qui atteint un degré de maîtrise technique phénoménal.

La femme (Edna, donc) est assise sur le trottoir, un enfant dans les bras et ce bébé lui rappelle celui qu’elle a abandonné. La porte s’ouvre derrière elle et apparaît le gamin (Jackie, donc) comme une illustration de sa pensée. Sauf que ce n’est pas une pensée mais réellement l’enfant alors cette séquence prend aussitôt toute sa dimension artistique autant qu’émotionnelle.

Et comme en plus, c’est filmé par Roland « Rollie » Totheroh…

 

Inoubliable. A voir sans modération ni restriction de nombre.

 

  1. Les voitures et autres éléments de décor nous montrent bien que nous sommes cent ans plus tôt…
  2. « Kid » en VO.
  3. Paulette Goddard en Gamine dans Modern Times est une autre exception.
  4.  
  1. Hollywood (1980 – Episode 8: Comedy – a serious business).

 

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