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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Steven Soderbergh, #Policier
L'Anglais (The Limey - Steven Soderbergh, 1999)

L’Anglais du titre, c’est Dave Wilson (Terence Stamp). Il débarque à Los Angeles parce que sa fille est morte dans un accident de voiture.

Sauf qu’il n’y croit pas beaucoup.

Il va alors enquêter afin de savoir ce qu’il s’est vraiment passé.

 

C’est un film policier très particulier que nous propose ici Steven Soderbergh. EN effet, si le genre est « policier », on n’en voit pas beaucoup. L’intrigue se concentre autour de cet Angliche (1) traquant celui qui a tué sa fille, car il ne peut pas en être autrement pour lui : sa fille était trop raisonnable pour se droguer jusqu’à l’excès.

Mais la narration de cette traque impitoyable est assez originale.

 

En effet, pendant tout le film on alterne les prises de vue de rencontres pour chaque personnage : Quand Wilson rencontre Eduardo (Luis Guzman) (2), le dialogue commence mais les différentes répliques ne se font pas toutes au même endroit. Et il en va de même à chaque personne rencontrée.

Le spectateur semble brinquebalé d’un lieu à l’autre alors que le dialogue se poursuit dans sa continuité.

 

Et là on réalise : le point de vue est celui de Wilson. Mais au lieu de tourner en caméra subjective, Soderbergh nous retranscrit la pensée de Wilson. D’où des personnages qui s’expriment en continuité avec des lieux différents et même parfois des plans de coupe amenant des flashbacks récurrents (sa fille, sa vie avec sa femme) ou encore le meurtre de Terry Valentine (Peter Fonda) de différentes manières.

 

Cavanna expliquait qu’il avait écrit Les Ritals comme lui venaient les souvenirs, dans le désordre, même si son personnage (le petit François) grandissait à mesure que le livre avançait.

Ici c’est la même démarche qui nous est montrée : Wilson fait appel à sa mémoire et se souvient des gens à qui il a parlé, les lieux n’ayant qu’une importance secondaire, sauf à chaque moment de tension (souvent avec échange de coups de feu). Peu importe donc l’endroit où se situe l’échange, c’est ce qui est dit et qui fait avancer son enquête qui est le plus important.

Une fois cette figure de style identifiée, l’intrigue retrouve sa limpidité et tout se met en place : non, ce n’était pas un accident (3).

 

Mais n’oublions pas le titre du film.

Wilson est un Anglais, et ça s’entend. Certes, ce n’est pas un sujet modèle – il a passé de nombreuses années en prison – mais on ne peut que ressentir une certaine empathie devant cet homme à qui la vie a pris en plus sa femme et tout récemment sa fille.

Mais Wilson est surtout un truand, et même dangereux (4). Il n’hésite pas une seule fois dans ses intentions. Même roué de coups (première séquence violente) et menacé de mort, il retourne au combat, prêt à tout pour avoir ce qu’il demande. Et qu’il obtient !

 

Terence Stamp est un « Angliche » magnifiquement terrible. Il possède ce même flegme britannique qu’on peut trouver chez les Britanniques, mais avec une dose certaine de violence et un vocabulaire fort difficile à comprendre pour ses adversaires (comme pour les spectateurs non anglophones) amenant quelques éléments comiques dans cette histoire bien noire.

En face de lui, Peter Fonda et surtout Barry Newman (Jim Avery) sont des adversaires à sa mesure : d’un côté un vieux beau tombant les jeunes femmes un tantinet naïves, mais au final sans beaucoup de courage ; et de l’autre un homme de main qui ne salit pas les siennes, préférant utiliser un professionnel : Stacy (Nicky Katt), redoutable avec juste ce qu’il faut d’un psychopathe pour faire bonne mesure.

 

Bref, un film qui, s’il n’est pas aussi populaire que la série Ocean’s 11/12/13 (par exemple), mérite tout de même notre attention. La narration, déroutante dans un premier temps, se révèle passionnante et surtout originale, remplaçant la caméra subjective par le cheminement de la pensée.

 

A voir !

 

  1. « Limey » peut se traduire pas « Angliche », « rosbif » ou autres joyeusetés.
  2. Eduardo porte trois tee-shirts différents (Che Guevara, Mao, Khomeiny) mais de la même facture : ces différences sont dues à la mémoire de Wilson, les souvenirs n’étant jamais précis car ce qui est important, c’est avant tout ce qu’il apprend à Wilson et non son apparence.
  3. Je vous laisse découvrir, je ne vais pas tout révéler tout de même !
  4. Attaque à main armée, excusez du peu !
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