Superbe.
Beau et fascinant, autant que put l’être cette cité que Percy Fawcett (1867-1925?) a passé une grande partie de sa vie à chercher.
Parce qu’il s’agit de cela : une quête. L’une des plus vieilles du monde occidentale après le Graal : l’Eldorado.
Oui, l’Eldorado, la cité d’or perdue au milieu de l’Amazonie et que beaucoup ont cru toujours atteindre avant de succomber sans même s’en être approchée.
Ici, James Gray nous raconte vingt ans dans la vie de Percy Fawcett (Charlie Hunnam), officier britannique qui visita de nombreux états de l’Empire Britannique sans en ramener la moindre décoration.
Alors quand on lui propose de cartographier région frontalière entre la Bolivie et le Brésil, il accepte. Nous sommes en 1906.
Assisté de Mr. Costin (Robert Pattinson), il va accomplir sa mission et parvenir à la source du Rio Verde qu’il devait retrouver.
Mais, et c’est là que la quête commence, près de leur but, ils découvrent des vestiges d’une très ancienne civilisation.
Près de vingt ans et une Guerre mondiale plus tard, Percy repart à la recherche de la Cité de Z, accompagné de son fils Jack (Tom « Spiderman » Holland).
Il est heureux de constater que dans ce monde où tout va si vite, un réalisateur prenne le temps de raconter une histoire. Mais encore plus que ça, nous donne envie de la découvrir.
C’est une histoire aux multiples péripéties, où le héros – et ses acolytes – est trimballé d’un lieu à l’autre, manque plusieurs fois de mourir, doit survivre à une guerre terrible et trop longue (1), doit aussi subir la trahison et le déshonneur, sans oublier un aspect mystique intrinsèque au but final : la découverte de l’Eldorado. Et en plus, nous avons droit à une belle histoire d’amour et de fidélité.
Bref, qu’est-ce que Percy Fawcett n’a pas vécu ?
A noter que tout ceci nous est raconté en un petit peu moins de 140 minutes, ce qui est une longueur fort appréciable : ni trop long malgré la richesse des expériences et des événements racontés, ni trop court pour laisser au spectateur le temps d’apprécier chaque nouvelle situation.
En effet, même au moment le plus critique pour Fawcett – la guerre 14-18 – James Gray ne cède à un montage très (trop) rapide.
Cela nous permet d’assimiler plus facilement les différentes informations qui nous parviennent et pour James Gray de mettre en place avec justesse une certaine partie de la société britannique d’avant 1914.
C’est un monde sclérosé et à bout de souffle qu’il nous est permis de contempler. Un monde qui se meurt mais qui se croit encore supérieur au reste de la planète, et ce malgré l’évolution sociale et scientifique.
En effet, l’expédition initiale de Fawcett et surtout ses découvertes finales vont à l’ »encontre des idées courantes dans les différentes assemblées scientifiques de cette époque : il faut voir Fawcett soutenir ses théories devant ses collègues de la Royal Geographical Society (RGS) pour comprendre l’étroitesse de certains esprits.
Mais avec ce film, c’est aussi une façon de rendre hommage à tous ces « Indiens » d’Amérique du Sud, et surtout ceux qui peuplaient la grande forêt amazonienne. Je dis peuplaient parce que, bien entendu, le passage de l’homme blanc et de son « progrès » en exterminé plus d’un et que ceux qui résistent encore vont hélas disparaître à leur tour. Pourtant, si on doit retenir quelque chose de l’œuvre de Fawcett à travers ses expéditions, c’est bien le respect de ces populations autochtones que les Blancs ont fait disparaître avant d’essayer de les connaître.
Et il faut se dépêcher de voir le film avant qu’il n’en reste plus du tout : que les rares souvenirs ramenés par ceux qui pensaient – à juste titre – qu’on avait autant à apprendre de leur(s) civilisation(s) qu’eux de la nôtre, et surtout sans avoir à utiliser la violence.
(1) Une guerre, par essence, est toujours trop longue.