Bien entendu, il s’agit du remake des Sept Samouraïs. Et comme nous connaissons les Américains – ceux qui n’ont pas daigné ajouter Victor Hugo au scénario du Bossu de Notre-Dame (1996) – pas besoin de signaler que le grand Kurosawa avait déjà traité cette histoire.
Malgré tout, ne boudons pas notre plaisir.
Nous retrouvons donc la même histoire, transposée dans un village mexicain où un bandit de grand chemin – Calvera (Eli Wallach, merveilleux de grandeur canaille) – passe et emporte tout. McDo avant l’heure.
Mais quand Kurosawa prenait le temps de suivre les paysans, Sturges, lui, s’occupe essentiellement des mercenaires.
Ici aussi, ils sont sept, et leurs caractéristiques sont parfois très similaires :
- Chris (Yul Brynner) est leur chef, c’est un homme d’honneur et un bon juge de la valeur des gens. (Kanbei chez Kurosawa)
- Vin (Steve McQueen), est le bras droit de Chris, et s’il n’est pas ami de prime abord avec Chris, il va le devenir. Il correspondrait à Gorobei, l’ami de Kanbei.
- Chico (Horst Buchholz) est le plus jeune. Il est aussi d’origine paysanne. Il fait partie des gagnants de la fin. Son personnage est un mélange de Kikuchiyo et de Katsushiro : Kikuchiyo pour le côté paysan-guerrier et Katsushiro pour l’histoire d’amour.
- Britt (James Coburn) est – à mon avis – le personnage le plus fascinant, comme l’était Kyuzo dans la première version. Là encore, il tue un homme en duel, malgré lui, pour prouver sa véritable valeur.
- Bernardo O’Reilly (Charles Bronson), le seul à avoir un nom de famille, est recruté alors qu’il coupe du bois pour manger, comme le faisait Heihachi.
- Harry (Brad Dexter) est le seul vrai ami de Chris, mais il ne correspond pas vraiment à un personnage de Kurosawa. De même que Lee (Robert Vaughn) est un pistolero qui a peur, ce qu’on ne trouve pas auparavant.
Le recrutement se fait assez rapidement, sans rentrer dans les détails, que ce soit sur le passé des mercenaires ou de la vie des paysans dans la ville frontière.
Il faut dire que le film de Sturges possède une heure vingt minutes de moins. Il est donc évident que tout le contexte des personnages, paysans et guerriers, est accessoire. On se concentre sur le principal : comment arriver au règlement de compte final. Mais sans pour autant exclure les péripéties dans le village : absence de filles, gens qui meurent de faim, aménagement et préparation du siège. C’est dans cette partie villageoise qu’il faut retrouver la plus grande fidélité au film de Kurosawa, avec toutefois une expéditivité plus flagrante. Là où Kurosawa prenait son temps, Sturges enchaîne les scènes avec plus de diligence.
Il faut dire aussi que tuer un adversaire au pistolet prend beaucoup moins de temps qu’au sabre, surtout si les ennemis entrent un par un dans le village.
Malgré tout, nous sommes dans un western de qualité, avec une violence assez marquée (une quarantaine de morts violentes tout de même !), avec des détails pas toujours très propres : traces de sang, hache dans le dos… Là où Kurosawa suggérait plus qu’il ne montrait les mises à mort.
Et puis il y a la musique de Bernstein (Elmer), qui souligne l’action (les accords dramatiques quand Harry se fait tuer, par exemple), ou exalte le côté magnifique (« magnificent » dit le titre) de cette aventure.