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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Muet, #Paul Leni, #Drame
L'Homme qui rit (The Man who laughs - Paul Leni, 1928)

 

« L’Homme qui rit », c’est Gwynplaine (Conrad Veidt).

Il rit parce qu’enfant il fut défiguré par un « docteur » pour des vendeurs d’enfants (« comprachicos », néologisme hugolien), lui figeant un sourire à pleines dents.

Dans son malheur, il recueillit un bébé qui deviendra une belle jeune fille – Déa (Mary Philbin) – et va grandir grâce à Ursus (Cesare Gravina) qui les élèvera et créera un spectacle où bien sûr Gwynplaine aura la vedette : l’Homme qui rit.

 

Bien sûr, comme nous sommes chez Victor Hugo, l’intrigue, adaptée ici par J. Grubb Alexander, est plus compliquée puisqu’elle fait intervenir un roi – James II (Sam De Grasse) – une reine – Anne (Josephine Crowell) – un bouffon – Barkilphedro (Brandon Hurst) – et un chien-loup (Zimbo, crédité au générique).

Il s’agit de la première adaptation du roman de 1869 et d’autres suivront, la dernière est sortie en 2012.

 

Mais comme pour Notre-Dame de Paris, l’adaptation laisse parfois à désirer. Mais comme le dit toujours mon ami le professeur Allen John, on est au cinéma, alors on laisse la littérature de côté. Soit.

Ce qui frappe le spectateur de prime abord, c’est l’évolution du cinéma de Paul Leni. En effet, après avoir vu l’exercice de style que représentait Le Cabinet des figures de cire, on ne peut être qu’émerveillé par la maîtrise du cinéaste. Il mène son intrigue en alternant des séquences rapides et lentes, et dirige ses actrices et acteurs avec une grande justesse.

Mais surtout, il a pris grand soin de les faire évoluer dans des décors magnifiques.

 

Leni est à l’origine un décorateur qui a travaillé pour d’autres grands noms du cinéma allemand avant de passer à la réalisation. On comprend alors le soin qui fut mis ici pour le film, d’autant plus qu’il a pu profiter du financement de la compagnie Universal de Carl Laemmle, pour ce qui fut son troisième et malheureusement avant-dernier film (1) américain.

Le décor ne concerne pas seulement les différents lieux qui sont montrés tout le long du film : les scènes concernant la royauté voient les différents figurants (gardes, valets…) devenir eux-mêmes des éléments de ce décor somptueux.

Il en va de même pour les scènes de départ de bateaux – au tout début et à la toute fin (2) – qui sont de toute beauté (surtout la deuxième).

 

Bref, c’est un film fabuleux qui nous est proposé ici, où Leni retrouve Conrad Veidt qui était lui aussi invité par Hollywood à tourner dans la capitale du cinéma. On notera aussi la présence d’un troisième Allemand : Charles Puffy qu’on a pu remarquer surtout chez Fritz Lang (Der müde Tod et surtout Doktor Mabuse der Spieler).

Côté américain, on retrouve Mary Philbin qui avait déjà joué dans un film du même genre : Le Fantôme de l’Opéra. Elle y jouait avec le grand Lon Chaney, à qui on pense obligatoirement tant le rôle de Gwynplaine entre dans son registre (3).

 

Mais Conrad Veidt a dans sa filmographie le rôle emblématique de Cesare, et sa présence en Gwynplaine s’explique alors facilement. Il campe ce personnage défiguré avec talent, tant le personnage aux traits figés n’est pas un rôle simple. En effet, le sourire sempiternel ne lui laisse pas beaucoup de possibilités d’expression, mais son regard accentué par le contexte le rend tout de même très expressif.

 

Je terminerai en disant que la fin, bien sûr en partie différente du roman, est tout de même très bien amenée, et on comprend alors pourquoi le chien Zimbo a son nom au générique : il est un autre personnage important de l’intrigue (comme du roman, d’ailleurs).

Notons la présence de la grande Olga Baclanova dans un rôle de courtisane, dans tous les sens du terme... Sa présence nous emmène quatre ans plus tard dans Freaks alors qu’on peut voir différents phénomènes de foire à celle de Southwark, dont Delmo Fritz (4), l’avaleur de sabre qui joue lui aussi chez Browning.

Et bien sûr, dans les utilitaires, on remarque le petit John George (1,27 mètre)

 

 

  1. Il mourut peu de temps après avoir réalisé son dernier film, le 2 septembre 1929, d’une septicémie.
  2. Oui, on a une structure en miroir.
  3. Chaney était sous contrat à la MGM, donc il avait alors peu de chances de figurer à la Universal.
  4. J’ai un petit souci avec cette personne : il est connu pour avoir joué dans les deux films mais sa biographie mentionne qu’il est mort en 1925. Si vous avez la solution à ce mystère de mort-vivant, n’hésitez pas à me contacter…

 

 

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J
Salut,<br /> J’apprécie beaucoup les créations de Paul Leni, en particulier « L’Homme qui rit » et « Le Dernier Avertissement ». Dans le premier film, j’ai bien aimé la performance de Mary Philbin.
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