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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #King Vidor, #Western
L'Homme qui n'a pas d'étoile (The Man without a star - King Vidor, 1955)

A l’instar de Lucky Luke, Dempsey Rae (Kirk Douglas) est un cow-boy solitaire. Il n’est pas loin de son foyer, puisqu’il a quitté son Texas natal quand les choses ont commencé à s’envenimer : les barbelés ont fait leur apparition.
Alors quand les petits éleveurs, pour contenir l’immense troupeau du Triangle (15.000 têtes), commencent à dresser des clôtures de fil de fer, il se dit qu’il est temps de partir.

Mais si les choses étaient aussi simples, il n’y aurait pas de film…

 

Neuf ans après le flamboyant Duel au Soleil, King Vidor revient au Western dans une histoire qui n’a absolument rien à voir avec la vision romantique qu’on retrouve chez Ford ou Walsh.

Nous sommes dans une histoire de la terre, une histoire – pardonnez-moi l’expression – très terre-à-terre. Et comme le dit Chris (Yul Brynner) dans Les sept Mercenaires : « à la fin, ce sont les paysans qui gagnent. »


Il est évident que ce film a servi à René Goscinny pour l’histoire Des Barbelés sur la prairie. Mais si dans ce livre on s’amuse beaucoup (la recette du café, par exemple), ici, il n’y a pas beaucoup d’occasions de se réjouir. Ou plutôt si. Il y en a. Mais plus le film avance et moins on sourit.

 

L’entame annonce un film initiatique avec un jeune blanc-bec, Jeff (William Campbell), que Dempsey récupère alors qu’il voyage clandestinement. Il le prend sous son aile et lui enseigne les bases de la vie de cow-boy : ne pas descendre de selle sans y être invité et dégainer le plus vite.

Mais si le premier précepte a du mal à entrer, le second devient rapidement (trop, au goût de Dempsey) une seconde nature.

C’est d’ailleurs la séquence où Jeffrey fait montre de son nouveau talent qui est l’une des plus importantes du film.

 

C’est l’aboutissement d’une situation qui dégénère. Et tout ça, comme d’habitude dans les westerns, à cause d’une femme : Reed Bowman (Jeanne Crain). Mais ce n’est pas n’importe quelle femme : elle est belle certes, mais c’est une femme de tête, aussi forte que n’importe quelle héroïne de John Ford. Alors évidemment, elle ne peut que tomber amoureuse de Dempsey, qui est l’archétype de l’homme libre : indépendant, séduisant et dangereux. Cette indépendance est trop importante pour chacun des deux pour qu’ils finissent ensemble. Ils se ressemblent trop.

La séquence commence par Dempsey qui débarque au saloon, à nouveau libre et prêt à repartir vers d’autres cieux. Libre, mais tout de même très bien accompagné par Idonee (Claire Trevor). Notons au passage que Claire Trevor joue encore une magnifique prostituée au grand cœur (« une femme bien » dira le shérif). Dempsey est heureux, il va même jusqu’à chanter, et puis Reed arrive, Jeff dégaine plus vite qu’un autre et la tension monte. Et Dempsey, énervé par la situation, la jalousie et l’alcool, a le geste de trop. Il le sait, et il s’en trouve bouleversé. Et Kirk Douglas nous gratifie d’une de ses plus belles prestations cinématographiques : il dégaine, le visage tordu par la colère. Mais réalisant ce qu’il vient de faire, il arrête son geste, regarde son arme, Jeffrey, et très doucement rengaine son arme alors que son visage se décompose progressivement, dans un silence tendu.
Et c’est Idonee, encore elle, qui a la meilleure réplique dans cette situation (vous irez l’écouter). Normal, c’est une prostituée expérimentée : les hommes, ça la connaît.

 

Et puis, comme dans chaque album de Lucky Luke, « l’homme qui n’a pas d’étoile », une fois la situation réglée, repart vers de nouveaux cieux, de nouvelles aventures (de nouvelles femmes ?), mais sans soleil couchant.

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