Il est (encore) de retour !
Après près de quinze ans d’absence sur les grands écrans, le justicier masqué, rusé comme un renard (1), nous revient, enfin revenait aux spectateurs de l’époque, avec un duo Hopkins/Banderas séduisant.
Tout commence en 1821 quand le gouverneur Don Rafael Montero (Stuart Wilson) dirige d’une main de fer la Californie espagnole. Alors qu’il opprime sans vergogne le peuple mexicain, un justicier masqué s’oppose à lui : Zorro (Anthony Hopkins), de son vrai nom Don Diego de la Vega.
Ayant triomphé de son ennemi, Rafael est contraint de rentrer en Espagne avec Elena (Catherine Zeta-Jones) la fille de don Diego, laissant ce dernier pourrir en prison.
Vingt ans plus tard, Rafael revient en Californie avec « sa » fille, bien déterminé à récupérer la Californie des mains de Santa-Anna.
Dans le même temps reparaît un personnage qu’on imaginait totalement disparu : Zorro. Et il semble que les années l’aient épargné…
78 ans après Douglas Fairbanks (2) et une cinquantaine de films plus tard, Zorro nous revient donc sous les traits doubles d’Anthony Hopkins (1821) et d’Antonio Banderas (1841). ON retrouve dans ces deux personnages une très belle opposition de style : d’un côté ce qu’on appelle un gentleman, un aristocrate aux manières irréprochables et au charme ravageur ; de l’autre un jeune chien fou au tempérament bouillonnant. Cette opposition se prolonge dans une relation maître/apprenti tout aussi convenue.
Et bien entendu, ce tandem fonctionne parfaitement, le jeune Murrieta (Banderas) reprenant sans problème le flambeau du justicier vieillissant.
Mais ce qu’on attend de Zorro, c’est avant tout de l’action et d’incontournables duels à l’épée. Nous avons les deux ici, les différents assauts étant réglés – comme de bien entendu – comme de véritables chorégraphies, accompagnées du choc clair des lames. Bien sûr, à l’instar du grand Douglas, nos deux Zorro bondissent avec virtuosité pour notre plus grand plaisir.
Bien sûr, nos deux héros n’effacent pas le souvenir de Guy Williams qui fut le Zorro de notre enfance (3), et on ne peut s’empêcher de sourire quand Murrieta (qui se fait alors passer pour grand d’Espagne) appelle son serviteur Bernardo.
Quant aux méchants, ils remplissent très bien leur rôle : Don Rafael est un tyran haïssable (4) exempt de tout scrupule, dont la propension à l’injustice et l’exploitation semblent sans limite. A ceci s’ajoute l’usurpation du titre de père pour la belle Elena, crime semble-t-il plus grand au regard de l’intrigue.
A ses côtés, on trouve un personnage assez fascinant au sang-froid impressionnant : le capitaine Harrison Love (Mark Letscher). C’est un autre méchant terrible, un tueur implacable aux manières franchement révoltantes : son entretien privé avec Murrieta en donne toute la mesure.
Et puis il y a la femme. Elena est bien sûr très belle – normal, c’est Catherine Zeta-Jones – mais elle n’est pas seulement là pour son joli minois comme la plupart des jeunes femmes dans la série avec Guy Williams par exemple. C’est une jeune fille volontaire qui en plus sait manier l’épée, ce qui est plutôt rare dans les adaptations relatives à notre personnage principal. Son duel avec Zorro-Banderas n’est d’ailleurs pas le moins intéressant.
Bref, Martin Campbell réussit cette nouvelle adaptation des aventures du héros de Johnston McCulley, évitant au passage le trop plein d’effets spéciaux numériques qui étaient alors en vogue dans le cinéma américain de l’époque, et équilibrant son film en variant le rythme des différentes séquences, faisant de ce Zorro une agréable surprise, remettant au goût du jour le genre cape et épée. Mais ce retour sera sans lendemain si on excepte une suite proposée 7 ans plus tard, avec le même trio vedette : Antonio Banderas, Catherine Zeta-Jones et Martin Campbell.
Evidemment, ceci est une autre histoire.
- Peut-il en être autrement ?
- Pour moi le seul, le vrai !
- La mienne en tout cas.
- Stuart Wilson n’est pas à son coup d’essai dans la peau d’un méchant patenté : il fut l’infâme Jack Travis dans L’Arme fatale 3.