D’un côté, les rationnels, de l’autre, les superstitieux.
Voici un résumé du film. Mais, comme c’est Jacques Tourneur, c’est plus que ça.
C’est l’Angleterre. Et c’est un Américain qui y débarque. L’autre opposition du film. Bien entendu, c’est l’Américain le rationnel, le sceptique. Et donc, c’est l’Anglais le superstitieux.
C’est l’Ancien Monde et le Nouveau Monde qui se rencontrent. Et bien entendu, c’est le Vieux Monde médiéval du docteur Karswell contre le Nouveau Monde moderne personnifié par le professeur Holden (Dana Andrews).
Car l’Américain, c’est Dana Andrews. S’il n’était pas psychologue, on le croirait détective. Un de ces durs-à-cuire du film noir. Parce qu’on ne la lui fait pas. Mais nous sommes dans un film d’épouvante. Ou plutôt d’ambiance. Parce que c’est l’ambiance qui est la plus importante. Une ambiance paranormale, surnaturelle. Mais pas tant que ça. Parce que le personnage principal n’y croit pas. Jamais. Ou presque.
Et puis il y a les séquences de terreur. Et un monstre tout droit échappé des enfers. Baal, Moloch, enfin quelqu’un dans ce genre. Mais il faut avouer que ce monstre n’impressionne plus. Si jamais il terrifia les spectateurs de 1957. Non, la terreur est ailleurs. Elle est dans cette main qui suit notre héros dans le manoir. Et même si cette main a un propriétaire, il est clair que son apparition impressionne. Et c’est là qu’est le talent de Tourneur : faire d’une chose banale un élément terrible.
Mais Tourneur s’amuse aussi. Surtout avec ce qui aurait pu être un grand moment paranormal du film : la « séance » (en français dans la VO). Non seulement nous suivons le professeur Holden et adhérons à ses idées, mais en plus, Tourneur tourne en ridicule cette séance. Il faut chanter pour appeler les esprits : alors nous voyons deux rombières se mettre à chanter au son d’un phonographe. Et là, le medium entre en transe. [Entre nous, on comprend les simagrées du medium quand on entend les deux femmes chanter. C’est assez insupportable.] Ensuite la séance commence réellement. Le premier esprit est un Ecossais débonnaire. Puis nous entendons une petite fille et enfin, celui que nous attendions, le professeur qui est mort au début du film. Et quand la séance prend son véritable essor, Holden l’interrompt brutalement. Mais il reste cette peur de mourir que notre héros n’a jamais et que son « ennemi » a voulu lui inculquer. Et quand le film se résout, il n’y a pas d’explication rationnelle.
Et comme le dit Holden : « il vaut peut-être mieux ne pas savoir. » Peu importe, le film est là, magnifique.
Par contre, la traduction du titre, bof.