Billy the Kid (Jack Buetel), Pat Garrett (Thomas Mitchell) & Doc Holliday (Walter Huston). L’affiche est prestigieuse, ce sont trois légendes de l’Ouest qui évoluent devant nous.
L’Ouest, c’est bien sûr cette région sauvage de la Frontière où la Loi n’est pas la même que dans le reste (civilisé) du pays, et où les choses se règlent à coup de pistolet.
Nous sommes en 1881 et Doc Holliday débarque à Lincoln où officie comme shérif son ami Pat Garrett.
Doc se déplace à diligence depuis qu’on lui a volé son cheval. Cheval qu’il retrouve avec son nouveau propriétaire – qui jure ses grands dieux qu’il ne l’a pas volé – qui répond au nom de William Bonney. Malgré cela, une amitié naît entre ces deux hommes, ce qui fait craindre le pire à Pat Garrett qui leur conseille de déguerpir.
Evidemment ils ne partent pas et un duel – inévitable – voit la mort de son responsable abattu par Billy.
Commence alors la traque de ce hors-la-loi (le titre original), lui-même épaulé par Doc Holliday contre Garrett.
Blessé, Billy est soigné par Rio McDonald (Jane Russell), petite amie – plus pour longtemps – de Doc Holliday.
A l’origine, c’était Howard Hawks qui devait réaliser (tout) le film. Mais en désaccord avec Hughes, c’est ce dernier qui va reprendre les rênes et compléter le film.
Seulement voilà : Howard Hughes avait beau être un producteur qui avait du nez – et surtout un homme d’affaire doué – il n’était pas vraiment réalisateur… Et si son premier (et avant-dernier) film fut un succès, c’est avant tout pour les spectaculaires scènes de combat aérien.
Et ici, que retient-on de ce western ? La plastique de Jane Russell.
Ce sont ses débuts au cinéma, elle a tout juste vingt ans quand le film est terminé (1) et il faut avouer que ses formes ne laissent pas de marbre… Surtout à une période où le Code Hays était tout puissant, autorisant ou non certaines images, expressions ou encore situations.
Cette bataille contre cette institution n’a rien d’étonnant quand on connaît le caractère de Hughes : jusqu’au bout il pensait qu’il pouvait tout régenter.
Evidemment, ce western est entré dans la légende, mais surtout pour la présence de Jane Russell sont les appas furent même un argument de vente : l’affiche du film ne laisse aucun doute là-dessus, tout comme les différentes photos qui servirent à sa promotion.
Parce que si on va voir du côté western, on risque d’être un tantinet déçu par cette débauche d’images. On y trouve tout ce qui constitue un western : grands espaces, duel au pistolet, poursuite, bagarre, Amérindiens (avec signaux de fumée), poker et diligence… Bref, le grand jeu !
Mais c’est aussi cette accumulation qui rend le film un brin lourd, Hughes ayant certainement voulu un western superlatif, mais c’est ce trop-plein qui altère sa qualité.
Et surtout, Hughes n’est pas Hawks.
Si le début du film, quand Holliday retrouve Garrett, nous décrit un Ouest traditionnel voire truculent – le cowboy ivre qui veut que le barman pose un verre de bière sur sa tête – l’apparition de Billy coupe court à ce ton narratif, le sérieux l’emportant (presque) définitivement. Pourtant, la présence de Thomas Mitchell avait de quoi permettre d’exploiter le filon comique, comme on peut le voir chez Ford à la même période.
Sans oublier l’intrigue qui se réclame comme une page d’histoire de l’Ouest.
Certes, la mort de Billy the Kid n’a jamais été prouvée par Pat Garrett, et c’est cette particularité qui sert de moteur au film, envisageant une fin – convenue – qui va à l’encontre de ce que nous avons appris de ce terrible personnage. Ce bandit notoire ne l’est plus, et la traque de Garrett ne serait qu’une forme de jalousie d’avoir perdu son ami Holliday.
Quant à la présence de Doc Holliday, elle semble incongrue quand on sait le rôle qu’il joua auprès de Wyatt Earp à OK Corral.
Au final, un western moyen, malgré la présence de Thomas Mitchell et Walter Huston toujours impeccables, et même les poses langoureuses de Jane Russell n’empêchent pas la moindre qualité du film.
(1) Il sortira deux ans plus tard du fait des problèmes avec le Code, obligeant des coupes sérieuses dans le montage final.