14 octobre 1947 : Chuck Yeager (Sam Shepard) franchit pour la première fois le mur du son.
16 mai 1963 : Gordon « Gordo » Cooper (Dennis Quaid).
Entre ces deux dates, le programme Mercury qui vit la véritable course à l’espace se dérouler entre les Etats-Unis et l’URSS, amenant quelques années plus tard l’hégémonie américaine amenant, voilà maintenant 50 ans, le premier alunissage.
Si les différents événements décrits sont exacts, Philip Kaufman se base sur le livre de Tom Wolfe de 1979, qui avait démarché les différents protagonistes de cette aventure spatiale. On retrouve d’ailleurs le côté personnel de cette épopée : les petites histoires à côté de la Grande.
On y retrouve différents acteurs politiques dont Lyndon B. Johnson (Donald Moffat), grand porteur du projet auprès des présidents.
C’est une belle reconstitution que nous suivons pendant ces 193 minutes, avec en fil rouge Chuck Yeager (1), pilote hors pair bien que jamais allé dans l’espace, qui voit l’expansion du projet, sans regretter une seule fois de ne pas en être, continuant de son côté son exploration aéronautique du XS-1A (1947) jusqu’au F-104 Starfighter (1963).
Et surtout, c’est une aventure exceptionnelle dont les acteurs furent toujours des hommes avant tout – dotés d’une grande fibre américaine, ce qui est normale – avec leurs limites et leurs faiblesses et leurs erreurs.
La seule différence c’est qu’à ce niveau-là, une erreur est souvent synonyme de mort.
Nous suivons donc ces sept hommes que le monde a presque oubliés aujourd’hui – surtout depuis Neil Armstrong – dans le long parcours de sélection qui comporte tout de même quelques moments comiques, essentiellement dus à Cooper, un tantinet hâbleur, mais aussi des exercices qu’on aurait tendance à qualifier d’inhumains tant les organismes sont soumis à des conditions parfois plus qu’extrêmes.
Mais c’est aussi, au-delà du privilège d’avoir été sélectionnés – et d’être donc les meilleurs – la création d’une équipe qui va plus loin que la collaboration professionnelle. C’est une équipe de frères qui se créée sous nos yeux, où finalement chacun a son importance, et si c’est Alan Shepard (Scott Glenn) qui est le premier à traverser l’atmosphère, ou encore John Glen (Ed Harris) qui le premier fait plusieurs tours de la terre, il n’y a aucune rancune, aucun ressentiment. Et c’est encore Yeager qui l’exprime le mieux, en rappelant que ces hommes risquent autant – voire plus – leurs vies dans cet exercice, et qu’ils doivent bénéficier du même respect.
La reconstitution nous ramène aussi les Cadillac sur la plage pour observer les différents décollages ; ainsi que les coiffures et autres lunettes qui avaient cours. En ce qui concerne les personnages politiques, on a droit à de savants montages vidéo surtout quand Kennedy remet sa décoration à Shepard, événement qui fut retransmis à la télévision.
Cette reconstitution nous montre aussi que la presse a joué un grand rôle dans la notoriété de ces astronautes : c’est à chaque décollage un assaut des photographes et autres reporters sur les maisons des pilotes, amenant un stress inutile aux épouses de ces mêmes hommes.
Bien entendu, les échecs – nombreux dans ce genre d’exercice – ne sont pas éludés et on a droit à certains décollages très ratés, repoussant toujours l’exploit, mais n’émoussant en rien les motivations de tous.
Et parmi toute cette somme de travail incroyable pour envoyer – enfin – un homme dans l’espace, Philip Kaufmann glisse un tout petit facteur humain lourd de conséquences (virtuelles) : Shepard, pendant la longue attente avant de décoller, a naturellement une envie d’uriner. Cet épisode comique fait écho à Bill Dana et son personnage de José Jiménez, astronaute mexicain (2) à la télévision à la même époque.
Bref, du grand spectacle, une épopée grandiose qui salue près de 20 ans de progrès technologique(s), dépassant irrémédiablement l’URSS, ce qui était tout de même le but recherché.
- Dernier survivant de cette épopée (il a fêté ses 96 ans en février dernier), il fait même une courte apparition…
- Avec jeu de mots intraduisible, en rapport avec l’immigration mexicaine à la nage par le Rio Grande.