Deux banquiers père et fils : Cyrus (Howard Crampton) et Ernest (Sam « Richelieu » de Grasse) Peabody.
Un caissier et sa fille : Paul Revere Forbes (Lon Chaney) et Beatrice (Edith Johnson).
Deux autres banquiers père et fils : Samuel (Al W. Filson) et Billy (Franklyn Farnum) Whintrop.
Une voiture rouge écarlate.
Dans la voiture : un cadavre.
Une fois que vous avez tous es ingrédients, vous mélangez et cela donne un film de moyen métrage au scénario plutôt complexe où Lon Chaney n’est pas encore la vedette que nous connaissons, mais joue tout de même un rôle central, presque autant que la voiture. Je plaisante : si la voiture est l’instrument du destin qui amorce la résolution de l’intrigue, c’est bel et bien Forbes-Chaney qui amène la fin heureuse. Ce qui est à noter puisque Lon Chaney aura de moins en moins de rôles positifs dans les années qui suivront.
Mais reprenons. Les Peabody sont deux banquiers escrocs (1) avec une avance dans la rouerie chez le père, ce qui est tout à fait normal : il est le plus âgé.
Sous leurs ordres travaille Forbes qui remarque un trou dans la caisse de 35.000 dollars dû à des spéculations hasardeuses du duo présenté ci-dessus. Suite à un accrochage, Peabody fils frappe Forbes qui se tue dans sa chute. Ils décident alors de se débarrasser du cadavre et demandent à leur complice de le faire. Quelques temps plus tard, on retrouve une voiture rouge accidentée avec un cadavre à l’intérieur. Mais ce n’est pas Forbes…
Parallèlement, le jeune Billy Winthrop se reprend en main et voudrait épouser la fille de Forbes. Après avoir repris les affaires de son père qu’il a fait fructifier, ce dernier gagne à la loterie la même voiture rouge. Dedans, Billy trouve un indice qui indique que Forbes n’était peut-être pas le voleur qu’on a pu décrire : son absence a fait de lui le voleur des 35.000dollars…
Je vous avais prévenu : l’intrigue n’est pas simple. Par contre, une fois la voiture revenue à l’avant-scène, la résolution devient irrémédiable et heureuse.
Si on connaît plus Sam que Joseph de Grasse, c’est avant tout parce qu’on voit plus un acteur qu’un réalisateur : Sam ici est le frère de Joe qui dirige. De plus, Sam a beaucoup collaboré avec Douglas Fairbanks dans les années qui ont suivi ce qui lui donna encore plus l’occasion d’apparaître. Par contre, Joseph, une fois le parlant arrivé, va arrêter de tourner en tant que réalisateur, ne faisant que de très rares apparitions en tant qu’acteur (de second plan, cela va de soi.
Et puisque je parlais de Douglas Fairbanks, on peut noter une parenté » entre le personnage de Billy et ceux interprétés par le grand Douglas.
Physiquement d’abord, la coupe de cheveu et l’allure de Farnum rappellent celles de Fairbanks dans ses rôles de citadins. Ensuite, son personnage est lui aussi plein de ressources. Bien sûr, la grande différence tient surtout dans son interprétation : il n’a pas le sourire aussi facile que Doug, mais avant tout, il ne bondit pas autant. Même la « séquence d’action » qui le voit se réfugiant dans un arbre pour échapper à un chien plutôt menaçant n’a pas le rythme que l’on connaît chez l’autre.
Certes, ce film de Joseph de Grasse ne fait pas partie des listes d’incontournables qu’on peut trouver un peu partout (sur le net essentiellement), mais il n’en demeure pas moins une curiosité qui mérite l’attention du fait de la présence du grand Lon Chaney. Bien sûr, il est maquillé et affublé de postiches, et déjà, son personnage n’est pas ce qu’on peut qualifier de normal : à force de passer son temps à admirer avec un soupçon d’orgueil une reproduction de son ancêtre Paul Revere dans sa chevauchée qui devenue depuis légendaire (2), le choc brutal va lui faire perdre la tête.
Et c’est dans ces rôles désespérés que Chaney était le meilleur, ce qui est déjà le cas ici.
On notera aussi l’influence de Griffith dans le sauvetage de (toute) dernière minute, mais avec un détail pittoresque : la foule déchaînée n’a pas l’intention de lyncher Billy suite à des accusations mensongères des Peabody : on a amené le goudron et les plumes.
Je terminerai enfin en regrettant l’état incomplet de la copie qu’il m’a été permis de visionner. En effet, il manque quelques éléments de séquences qui s’ils n’empêchent pas la bonne compréhension de l’intrigue (elle est déjà assez complexe comme ça) imposent des ellipses un tantinet incongrues.
- Non, ce n’est pas un pléonasme. Encore que…
- « Midnight Ride » (18-4-1775). Plongez-vous dans l’histoire de la Guerre d’Indépendance américaine (1775-1783), vous comprendrez.