Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Muet, #Comédie, #John Ford
Gagnant quand même (The Shamrock Handicap - John Ford, 1926)

L’Irlande éternelle…

Malheureusement, économiquement, ce n’est pas ça. Les habitants partent massivement vers les Etats-Unis, promesse (illusoire ?) d’enrichissement rapide. Quant à ceux qui restent…

C’est le cas de Sir Miles O’Hara (Louis Payne) qui accumule les dettes. Sir Miles vit avec sa fille Sheila (Janet Gaynor) et son homme de main O’Shea (J. Farrell McDonald). Sans oublier la femme de celui-ci, Molly (Claire McDowell). Acculé, il doit vendre presque tous ses chevaux à un Américain de passage, Orville Finch (Willard Louis). Mais ce dernier repart avec Neil Ross (Leslie Fenton) le palefrenier, promis à une grande et belle carrière de jockey.

Mais les dettes rattrapent Sir Miles, et lui et toute sa suite se retrouvent aux Etats-Unis, engageant le dernier cheval dans le Shamrock Handicap (d’où le titre), une course tout terrain qui permettrait à tout ce petit monde de retourner riche en Irlande.

 

Ca y est : John Ford se tourne vers ses racines et nous emmène, pour la première fois, en Irlande. Mais ne nous y trompons pas : il s’agit d’une Irlande atemporelle et surtout en carton-pâte : il faudra attendre encore 26 ans avant de s’y retrouver réellement.

Il n’empêche, son Irlande est typique – pour des Américains du milieu des années 1920 – et pittoresque, adjectif fordien au possible. Parce que Sir Miles et consort, c’est le microcosme fordien inévitable. Si Sir Miles est un aristocrate digne, il n’en demeure pas moins bagarreur (1) quand l’occasion se présente, et surtout les O’Shea sont les véritables représentants du monde fordien. Il faut dire que le vieux complice J. Farrell McDonald est (toujours) là, amenant les moments comiques indispensables au cinéma du réalisateur.

Quant à Molly O’Shea, elle est la femme forte du film, en témoigne son apparition quand la jeune Sheila veut envoyer un baiser à Neil : sur le sol, une ombre (2) s’approche de celle de la jeune femme jusqu’à la dépasser, démontrant le caractère bien trempé de la femme.

Et si les O’Shea n’ont que des relations subalternes par rapport aux O’Hara, on ne peut que convenir que ces deux familles n’en forment qu’une, comme le prouve le fait qu’ils habitent la même demeure quand ils sont en Amérique. Et la famille, c’est la chose la plus sacrée chez Ford !

 

Bien sûr, le film est le reflet de son époque et le traitement des acteurs noirs n’est pas bien différent des autres films. Toutefois, pas de black face, mais des rôles peu brillants, en témoigne le personnage de Virus Cake (Ely Reynolds), serviteur du jockey Ginsburg (George Harris), qui est montré comme un homme un tantinet demeuré. Notons tout de même l’acceptation de ce personnage dans ce petit univers irlandais émigré, même s’il n’est pas vraiment mis en valeur. Autre temps, autres mœurs…

Autre élément où le bât blesse : les femmes.

Si Molly O’Shea annonce – trop brièvement – certaines femmes fordiennes, on ne peut que regretter le sous emploi de Janet Gaynor. Elle dépasse à peine le statut de belle plante, restant sagement la promise de Neil Ross, alors que les éléments étaient là pour lui donner un rôle un peu plus étoffé : au début du film, on la voit sauter aisément un obstacle à cheval, alors pourquoi ne pas l’avoir proposé pour remplacer Ginsberg blessé qui ne pouvait plus participer à la course finale ?

 

  1. Le fameux « fighting spirit » irlandais…
  2. Ford était un grand admirateur de Murnau.
Commenter cet article

Articles récents

Hébergé par Overblog