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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Muet, #Tod Browning, #Lionel Barrymore, #John Gilbert
La Morsure (The Show - Tod Browning, 1927)

Cock Robin (John Gilbert) est un baratineur de foire. Tous les jours, il vante les mérites de son spectacle à une foule rapidement conquise, surtout les femmes ! Il présente un spectacle en deux parties : des femmes-monstres et une reconstitution des derniers instants de Jean le Baptiste, avec décollation en direct.

Bien entendu, tout n'est qu'illusion, les monstres comme l'exécution, mais le spectacle continue...

 

La Morsure. Le titre original, c'est Le Spectacle. D'accord, il y a une morsure, mais ce n'est pas le plus important ! Mais arrêtons de se battre avec les traducteurs du cinéma, sinon, on n'en finirait pas.

Tod Browning, qui a fait (une partie de) ses classes chez Barnum, a toujours été fasciné par le spectacle. Nombre de ses films y font référence, tout comme celui-ci, quelques mois avant L'Inconnu, qui mettra en scène un personnage - Alonso (Lon Chaney - qui n'est pas celui qu'il prétend. Là encore le spectacle est prétexte à mystification pour le spectateur (dans le film). Et Browning révèle le truc à celui du cinéma, afin de le prendre comme complice dans cette même mystification.

Mais, oh surprise, Lon Chaney n'apparaît pas au générique. Pourtant, Robin est un personnage qui aurait tout à fait convenu à ce grand acteur. Le seul problème, c'est que Robin, de par son rôle d'aguicheur, devait être tenu par un jeune premier. D'où la présence de John Gilbert. Ce dernier retrouve d'ailleurs Renée Adorée avec qui il avait joué deux ans plus tôt (La grande Parade).

Robin est un personnage dans la lignée de Liliom : il parle bien, présente bien, et les femmes se pâment à sa vue (ou presque). Comme Liliom, il n'hésite pas, quand les circonstances le lui permettent, de gifler une femme (et comme Liliom, il a un magnifique sweater à rayures : ça doit être l'uniforme des bonimenteurs de foire...). Bref, ce n'est pas un personnage très fréquentable.

Mais il est irrésistible...

En face de lui, un méchant comme on les aime : le Grec (Lionel Barrymore). Un méchant au regard clair et aux scrupules absolument absents. Une réussite !

Et puis il y a le vieil homme aveugle (Edward Connelly). Son fils est en prison, mais Salomé (Renée adorée) lui fait  croire qu'il est soldat couvert de gloire et qu'il va revenir. Là encore, tout n'est qu'illusion : ce vieil homme croira jusqu'au bout que son fils va revenir. Alors quand il le retrouve, l'émotion est forte. Trop. Connelly, qui a joué dans nombres de grands films muets, signe ici encore une belle interprétation de père désespéré.

C'est cet homme qui fait basculer l'intrigue. Il amène Robin à la rédemption, poursuivant une chimère qu'il pense avoir attrapée. Au contact de cet homme, les illusions de Robin tombent : il voit le monde tel qu'il est et décide de s'amender. Mais il y a toujours le Grec, qui a bien l'intention d'en finir avec lui...

 

Alors oui, Gilbert n'a pas la plastique faciale, ni la prestance du grand Lon, mais sa prestation reste honorable. Mais c'est Renée adorée qui illumine l'écran à chaque fois que la caméra se rapproche d'elle : son regard clair brouillé de larmes est magnifique.

Mais Browning reste Browning, continuant à proposer des personnages doubles qui ne sont pas qui ils prétendent être, qu'ils le veuillent (Lon Chaney) ou non (John Gilbert).

 

[Petit détail : un intertitre prémonitoire « vous avez été engagées pour être des monstres... pas des vampires » ("You're hired as freaks... not vampires")]

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