Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Edward Zwick
Couvre-Feu (The Siege - Edward Zwick, 1998)

Vingt ans.

Ca fera vingt ans le 6 novembre prochain que le film est sorti aux Etats-Unis. En plus d’une distribution prestigieuse et impeccable, le film possède un aspect prémonitoire incroyable.

Cette histoire de terrorisme qui fit scandale à sa sortie : les Musulmans sans aucune distinction étant tous assimilés à des terroristes fut reproché et le film fut un échec.

Moins de trois ans plus tard, ce film fut l’un des plus visionnés.

Entretemps, deux avions étaient entrés en collision avec les Tours Jumelles du World Trade Center. C’était le 11 septembre 2001.

 

La séquence d’introduction nous présente les conséquences d’un attentat meurtrier au Proche-Orient, mêlant habilement images d’archives et images recréées, avec en prime une intervention de Bill Clinton, alors président des Etats-Unis.

Puis nous passons à une opération organisée par des Américains (Cia ? Autres ?) qui aboutit à l’enlèvement d’un chef religieux musulman, présenté comme un chef prônant le Jihad.

Suite à cet enlèvement, une vague d’attentats va s’abattre sur New York, amenant le président à mettre en place des mesures extraordinaires : la loi martiale sur la ville.

 

Avec ce film, c’est un sujet extrêmement sensible que traite Edward Zwick. Sensible pour le côté réducteur qu’on lui a reproché à sa sortie, mais sensible parce que comme écrit précédemment, le film ne faisait qu’anticiper l’avenir des spectateurs.

Cette prémonition est assez étonnante quand on le regarde avec des yeux de 2018. Non seulement Zwick nous montre un avenir terrible où la peur qu’on redoute (1) est bel et bien là, et la description du fonctionnement des cellules terroristes indépendantes les unes des autres est d’une grande justesse et malheureusement on ne peut plus actuelle.

 

Mais nous sommes en 1998 et la situation qui est décrite est avant tout un film où Zwick part d’une situation réelle et l’exploite de la manière la plus vraisemblable possible, avec les dérives que cela peut amener. Mais là où Zwick va plus loin (trop ?), c’est en introduisant cette fameuse loi martiale. Au « pays de la Liberté » cette procédure d’exception va à l’encontre des valeurs américaines et donc définit les limites du film et semble dire en extrapolant ainsi : « Nous sommes au cinéma, c’est une fiction, nous attirons seulement votre attention sur une éventualité que nous ne souhaitons pas. »

Certes, cette approche a tendance à user de stéréotypes réducteurs. Mais il faut reconnaître que la réaction des habitants de New York est la même que celle qu’eurent les Parisiens après le 7 janvier 2015 et surtout le 13 novembre de cette même année quand des terroristes se sont attaqués à Charlie Hebdo d’abord, et à leur mode de vie culturelle ensuite : le Bataclan, les terrasses de café des Xème et XIème arrondissements, et le Stade de France.

Partout, les gens affirmaient que leurs habitudes ne changeraient pas, que comme les New-Yorkais, ils n’avaient pas peur.

 

Mais si le film se termine sur cette note optimiste, il ne faut pas rêver : nos modes de vie ont changé. La peur est bel et bien là et même Roosevelt n’y pourrait rien.

En France (2), depuis le 13 novembre, l’Etat d’urgence a été décrété et dura près de deux ans avant d’être levé, une loi nouvellement votée renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme. Ce n’est plus « l’état d’urgence ». Mais la liberté en a quand même pris un coup, et qu’on le veuille ou non, les modes de vie ont changé.

 

Mais si le film se termine (à peu près) bien, la vraie question reste la même : jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour notre sécurité ?

La réponse n’est pas pour demain.

 

 

  1. « La seule chose que nous avons à craindre est la peur elle-même » annonçait Franklin Roosevelt peu après son investiture (4 mars 1933). Cette déclaration perd bien sûr à la traduction : « the only thing we have to fear, is fear itself ». Si le contexte est totalement différent, cette déclaration s’applique à cette nouvelle situation avec – hélas – beaucoup d’à propos.
  2. Etant français, cet exemple me vient plus facilement, mais n’importe quel nouvel attentat m’amène la même réaction d’horreur.
Commenter cet article

Articles récents

Hébergé par Overblog