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Le Monde de Djayesse

Le Monde de Djayesse

Un peu de tout : du cinéma (beaucoup), de l'actu (un peu) et toute cette sorte de choses [A bit of everythying: cinema (a lot), news (a little) and all this kind of things]

Publié le par Djayesse
Publié dans : #Cinéma, #Peplum, #Cecil B. DeMille, #Charles Laughton
Le Signe de la Croix (The Sign of the Cross - Cecil B. DeMille, 1932)

Néron (Charles Laughton, au nez retouché) déclame devant Rome en flamme pour la troisième journée consécutive.

Poppée (Claudette Colbert) se baigne dans un bain de lait d’ânesse.

Les Romains massacrent les chrétiens.

 

Ces trois images sont les moments les plus marquants du film.

C’est sur Néron déclamant que s’ouvre le film, et sur les chrétiens montant au supplice qu’il se termine. Entre les deux, une histoire qui rappelle Quo Vadis, mais qui est tout de même différente. Parce que si Quo Vadis se termine bien, ici, nous assistons à une tragédie.

 

Comme Vinicius (Robert Taylor) en 1951, le héros s’appelle Marcus (Fredric March), et comme lui, il tombe amoureux d’une chrétienne, Mercia (Elissa Landi).

Alors que Mervyn LeRoy mettait en scène des figures du christianisme naissant, ici, Cecil B. DeMille nous montre des anonymes, des croyants parmi tant d’autres. Nul apôtre, seul Tigellin (Ian Keith) – en plus de Néron et Poppée – a réellement existé.

Et si Néron est un jouisseur patenté, il n’a pas le ridicule qu’aura Peter Ustinov vingt ans plus tard.

 

Surtout, le Signe de la Croix, c’est la suite – 30 ans après – du Roi des rois (1927). Le message de Jésus a atteint Rome et les chrétiens, considérés comme une menace, sont pourchassés et impitoyablement tués.

Nous allons alors assister au massacre de ces derniers dans l’arène devant une foule hystérique.

 

En plus de cet épisode religieux édifiant, le film possède un aspect sulfureux totalement en décalage avec le message. Nous retrouvons la sensualité propre aux films de DeMille. En plus de Claudette Colbert se baignant nue dans le lait, on remarque que ses suivantes sont fort peu vêtues, et que d’autres sont pratiquement nues : dans l’arène, deux jeunes femmes ne sont couvertes que de guirlandes de fleurs…

[Sans parler de la scène d’orgie (soft, tout de même) qui rappelle un peu Manslaughter]
Et puis il reste la suggestion :

  • Dacia (Vivian Tobin) se dévêt pour rejoindre Poppée dans le bain, mais nous ne voyons que le bas de ses jambes, jusqu’à la libération de son pied ;
  • Une convive de Marcus qui enfouit la main dans ses cheveux alors qu’un homme l’embrasse…

 

Mais le message est tout de même le plus important, et la dernière demi-heure du film est grandiose : on y tue et massacre à tour de bras.

D’abord, ce sont les gladiateurs, par paires, qui s’entretuent pour le plus grand plaisir d’une foule exaltée. Mais parmi ces spectateurs aux envies sanguinaires, se trouvent quelques femmes qui pleurent les morts brutales de ces combattants.

Puis ce sont des combattantes qui se battent contre des Pygmées – des nains grimés parmi lesquels on peut retrouver ceux de Freaks ou Tarzan l'Homme-singe (deux autres films de 1932), dont l’incontournable Angelo Rossitto – rivalisant de sauvagerie et de cruauté avec les précédents gladiateurs.

Rarement avant on a montré autant de violence à l’écran. Après le passage des gladiateurs, le sol est jonché de cadavres que des hommes mettent dans une charrette. Abominable.

Il faudra attendre Gladiator pour retrouver un tel bain de sang dans l’arène.

 

Et enfin, vient le tour des chrétiens. Alors que DeMille ne nous épargne aucun détail de la mort des gladiateurs, il reste très sobre quant à leur mort : un lion agrippe l’un d’eux, un éléphant va en piétiner un autre. Ce sont plus les supplices en tant que suggestion qui priment : la jeune femme (nue, rappelez-vous) attachée vers qui s’approche un gorille ; l’autre jeune femme (toujours nue) sur qui on lâche des crocodiles ; des éléphants transportant des corps sans vie…

 

Parce que ce qui intéresse plus le metteur en scène, c’est ce qui se passe avant, et qui n’apparaîtra pas chez LeRoy : comment ces gens se préparent à mourir et montent au supplice, tels Jésus montant au Golgotha. Parce que l’analogie est pertinente : comme Jésus (H. B. Warner) montant sous les imprécations de la foule, les chrétiens, ici, montent vers un public en délire, se repaissant des morts violentes.

 

Malgré tout cela, quand le film se termine, on ne pense qu’à une personne : Poppée. Claudette Colbert interprète ici un rôle mythique pour elle, pas seulement dû à la scène du bain (même si elle y contribue très grandement).

Poppée est l’archétype de la femme prête à tout pour mettre un homme dans son lit. Elle annonce Néfertari (Anne Baxter) dans les 10 Commandements du même DeMille, une vingtaine d’années plus tard.

Ses tenues (extrêmement) sexy, ses attitudes provocantes en font une cible toute trouvée pour la commission présidée par Hays qui va bientôt faire la pluie et le beau temps sur Hollywood.

 

Mais il reste encore un peu moins de deux ans. DeMille aura le temps de faire Cléopâtre !

 

 

PS : N'y a-t-il que moi qui ai vu Ward Bond parmi les chrétiens ?

 

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